Couleur de peau: miel

Jun Jung-sik a cinq ans lorsqu'il est ramassé par un policier dans les rues de Séoul et amené dans un orphelinat. À cette époque, la guerre entre les deux Corées et la création d'une frontière infranchissable créa des séparations dans les familles et beaucoup d'enfants se retrouvèrent seuls. Comme des centaines de milliers d'autres, Jung fut adopté à l'international et il atterrit dans une famille belge.

C'est cette histoire d'adoption et d'adaptation qui est racontée avec humour et émotion dans la bande dessinée Couleur de peau : miel qui est le premier tome d'un diptyque. On y voit son quotidien, ses bêtises, ses découvertes, ses questionnements aussi. On y découvre ses parents adoptifs dont l'éducation est très sévère et la complicité que Jung développe avec les enfants qui deviendront ses frères et soeurs.

Au niveau du graphisme, c'est un mélange de manga et de bande dessinée plus européenne, ce qui est aussi un clin d'oeil à la culture métissée de l'auteur. Le narrateur semble s'adresse directement au lecteur, créant une proximité. Les informations sur la Corée et les causes de la vague d'adoption massive saupoudrées tout au long du récit ne brisent pas cette relation entre la bande dessinée et le lecteur et ajoutent à la compréhension de l'histoire du personnage.
 
Mon avis

Je n'étais pas certaine de mettre un billet sur cette bd ici puisque j'ai trouvé que le propos s'adressait peut-être plus à un public adulte, mais en même temps qui suis-je pour décider ce que les jeunes peuvent aimer ou pas, ce par quoi ils peuvent être touchés? C'est pourquoi, malgré mes réserves dues à cette histoire complexe et au regard d'adulte du créateur sur son enfance, malgré que le propos soit parfois cru, notamment les découverte du jeune garçon de sa sexualité, je parle ici de cette belle rencontre que j'ai eue avec Couleur de peau : miel.

C'est une très belle bande dessinée. On y voit le recul que Jung a pris sur son histoire et sa volonté de montrer qu'une adoption, ce n'est pas réussi ou échoué, que c'est tout en subtilité, tout en adaptation. Les dessins sont magnifiques, sobres et pourtant très expressifs. J'ai été touchée par cette recherche de soi du petit garçon à travers ses expériences, ses souvenirs, ses envies de retrouver cette mère biologique.

Miel, comme la couleur de peau de Jung est décrite dans son dossier d'adoption, comme la couleur des cheveux de ses frères et soeurs d'adoption et comme la douceur de ce récit.

Un film d'animation sera bientôt tiré de cette histoire. À suivre!