Folklore et légendes du Québec

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

La dame blanche de la chute Montmorency, cette belle endeuillée terrassée par la mort de son prétendant, enfile sa robe de marié et se jette dans le bouillon assourdissant de la chute. La Corriveau, femme devenue mythique, est, pour sa part, condamnée à mort pour avoir tué son mari, puis suspendue à un gibet sur la Butte-à-Nepveu en 1763. Le monstre du lac Memphrémagog, pour sa part, hante les esprits depuis longtemps : on peut penser aux autochtones qui « regardaient d’un œil craintif le lac qu’ils jugeaient habité par un grand serpent aquatique, le légendaire anaconda ». La maison hantée de Trois-Pistoles est un repère bâti pour accueillir les marins, mais dans lequel un drame est survenu, rendant les lieux hantés pour toujours. Voilà un aperçu des personnages et des lieux qui ont enrichi l’imaginaire collectif des Québécois et qui se trouvent dans ce recueil costaud. Divisé en six parties (« Les Fantômes et lieux hantés », « Les bêtes fabuleuses », « Le diable », « Les célébrations d’ici », « Le folklore québécois » et « Légendes d’aujourd’hui » ( la vierge pleureuse de Ste-Marthe, par exemple), cet ouvrage invite les lecteurs à découvrir ce qui entoure et fonde ces légendes. Le tout est accompagné de coupures de journaux, de documents d’archives, d’extraits littéraires ajoutant du réel à ce contexte fabuleux.

Mon avis

Il faut d’abord mentionner que l’ouvrage de Catherine Labonté n’est pas un recueil de contes, mais bien, comme elle le dit elle-même « une incursion dans l’univers fantastique et folklorique québécois ». On y trouve bien sûr une mise en contexte des légendes, les quand-dira-t-on entourant les personnages légendaires, le tout permettant de comprendre les histoires et de les découvrir sans avoir accès à une version précise. L’entrée en matière propre à chacune des parties est par ailleurs très bien pensée. Par exemple, un extrait du Grand serpent de mer, un conte abénakis relevé par Jean-Claude Dupont, sert d’introduction à la section « Bêtes fabuleuses ». Et ainsi de suite pour chacune des six parties quiprésentent une citation tirée d’une œuvre connue ou moins du folklore québécois. L’intérêt de cet ouvrage réside dans la dimension historique et culturelle rattachée à nos contes et légendes, superstitions et autres croyances. Des chapitres tels que « La sorcellerie en Nouvelle-France » ou encore « La fête de la Ste-Catherine » enrichissent le contexte qui a vu naitre les légendes et nous renseignent sur les us et coutumes du peuple. L’ouvrage sert aussi d’introduction à cet univers et invite à aller découvrir les premiers textes écrits par les Honoré Beaugrand, Louis Fréchette, Philippe-Aubert de Gaspé, etc. Enfin, l’aspect visuel du livre est par ailleurs magnifique. Les illustrations et documents d’archives qui jouxtent le texte enrichissent le visuel. Quelques rares coquilles viennent toutefois titiller l’œil et auraient sans doute dû être relevées avant la publication.