Quatre héroïnes sur un fil

Angèle Delaunois nous propose ici un portrait de 4 femmes célèbres qui ont façonné la mythologie grecque. Il y a d’abord Perséphone, la belle enlevée par Hadès, roi des enfers, et grâce à qui le cycle des saisons est né ; il y a Eurydice, la bien-aimée d’Orphée, mordue par un serpent et transportée directement au royaume des morts ; Daphné, fidèle à sa maitresse Artémis, qui a su repousser les avances du fantasque Apollon et, enfin, Ariane, fille de Minos, grâce à qui Thésée parvient à sortir de l’impossible labyrinthe habité par le demi-frère de sa belle, le terrible Minotaure.

L’auteure propose une adaptation de leur légende respective, permettant de découvrir ces univers chargés et tellement peu connus aujourd’hui. Malgré toute leur bonne volonté, leur fidélité, et leur soif de liberté, chacune de ces héroïnes est victime d’une fatalité. Nous suivons le fil de leur destiné tragique, mais combien riche en culture. Ces légendes nous transportent au cœur d’un univers à la fois poétique et terrible, un monde plus grand que nature porté par des figures étonnantes. Les thèmes universels et intemporels du courage, de l’amour et de la rivalité sauront plaire aux lecteurs adolescents.

Mon avis

Bien que dans son avant-propos l’auteure questionne l’écriture d’un énième livre sur le sujet, elle se reprend bien en disant qu’elle voulait apporter un « éclairage nouveau à certaines de ces histoires de passion ». Il faut dire que les albums sur ces légendes antiques restent tout de même plutôt rares. Delaunois permet ainsi non seulement aux lecteurs de découvrir ces héroïnes, mais aussi d’autres figures mythiques dont on a entendu parler, où que l’on croise dans les écrits comme Percy Jackson, sans vraiment jamais les connaitre. Que l’on pense au Minotaure, ce terrible mangeur d’hommes, au Cerbère, cette bête à trois têtes gardien des enfers, à Égée qui, désespéré de ne jamais revoir revenir son fils, se jette dans la mer qui prendra alors son nom. C’est tout un pan de la littérature antique que nous offre ici l’auteure. Son écriture fine, précise et l’utilisation de temps verbe au passé, qui nous plonge dans ce hier lointain où tout peut arriver, contribuent à la richesse des textes.

Les légendes sont illustrées par Christine Delezenne dans un style qui colle tout à fait à l’esprit classique du texte, tout en y apportant une touche de modernité. Aux personnages inspirés des statues grecques, s’ajoutent quelques collages, appliques de couleurs et de légers détails qui viennent dynamiser l’ensemble. Un album accessible qui ouvre la voie à toute une littérature qui demande à être connue par la jeune génération. Et qu’on se le dise, les bêtes étranges et insolites qui hantent la littérature fantastique, la fantasy et l’horreur d’aujourd’hui font figures pâles à côté, notamment, de ce Minotaure cruel. On ne réinvente pas la roue !