Marcel Marceau, né Mangel, grandit à Strasbourg, où il découvre le génie de Charlie Chaplin. Grâce à son père passionné des arts, il assiste à un film mettant en vedette cette star du cinéma muet et est happé par la force du jeu silencieux. « Marcel décida qu’il deviendrait comme Charlie. » La Deuxième Guerre mondiale vient toutefois bousculer la tranquillité de la famille qui doit quitter la ville et s’établir à Limoges. Marcel grandit, mais Hitler étend sa puissance et sa hargne sur toute l’Europe. S’organise alors la Résistance française pour qui Marcel travaille. Il fabriquera de fausses cartes d’identité permettant à des jeunes d’éviter la guerre. Il conduira aussi des enfants jusqu’en Suisse afin d’assurer leur sécurité. Malgré toute cette période houleuse, Marceau n’oublie pas son rêve. Il étudie à l’école d’art dramatique avec Charles Dullin et travaille sous la direction d’Étienne Decroux qui lui apprend les rudiments du métier. En 1947, il donne son premier spectacle le visage tout blanc, affublé d’un gilet rayé, d’un pantalon moulant et un chapeau décoré d’une fleur. Le personnage de Bip était né.
Si Marcel Marceau est un personnage de théâtre relativement bien connu de la population, sa vie et son oeuvre restent étrangers au jeune lectorat. Cet album tout simple permet de découvrir la force qui habitait le comédien. Les thèmes de la guerre, des arts, du courage sauront particulièrement rejoindre les plus grands.
Peu, trop peu d’ouvrages permettent de connaître des artistes comme Marcel Marceau, des stars avant l’aube, des humains qui ont changé le monde sans le vouloir, qui se sont imposés par leur différence. Ce clown muet « mimait la vie, de la naissance à la mort. Il commençait son numéro en imitant un bébé, pour le terminer dans la peau d’un vieillard. » L’album permet bien sûr de retracer les grandes lignes de la vie de Marceau, mais surtout de découvrir la richesse de son art, la popularité montante de ce mime dans une période historique qui proposait pourtant l’inverse. Il propageait l’art du silence dans une société dominée plus que jamais auparavant par le bruit. Le texte tout simple de Gloria Spieldman permet d’accéder facilement aux grands instants du parcours de l’homme. Son implication dans la Résistance française, par exemple, peut être une excellente façon d’aborder le thème de la guerre tout en poussant plus loin la réflexion. Pour accompagner le texte, Manon Gauthier y va de son trait naïf, parfait pour illustrer l’âme candide et humaine de l’artiste. Quelques photos d’archives en fin d’ouvrage complètent habilement l’ensemble. C’est un album qui ouvre les horizons, offre un modèle de courage, d’humanité et de différence. Il faut prendre un moment - silencieux de préférence - pour entrer dans son univers.
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