« Au beau milieu d’un rêve, Kenny se réveille. Et il se souvient d’un jardin [dont] la moitié était plongée dans le jaune d’une belle matinée, l’autre dans le vert sombre de la nuit. » Cet endroit idyllique l’appelle, mais pour y accéder il devra répondre à sept questions posées par un coq. Parmi celles-ci, le volatile à quatre pattes lui demande s’il « veu[t] toujours ce qu’[il] croi[t] vouloir ? », « Qu’est-ce qu’une chèvre à soi ? » et « Qu’est-ce qui voit dedans et qu’est-ce qui voit dehors ? ».
Un parcours s’amorce et mène le garçon à questionner sa façon de voir les choses, à s’arrêter pour comprendre un peu mieux le sens du monde qui l’entoure.
Si les plus jeunes trouveront dans ce texte une ode à l’imagination propulsant le héros dans un univers étonnant fait d’oursons et de soldats de bois animés, les plus grands s’attarderont à la profondeur des questionnements qui incitent le garçon à réfléchir à ce qu’il veut, à départager ce qui est bon et important pour lui de ce qui est futile. À l’onirisme évident du récit s’allie une réflexion intime et philosophique sur la vie.
Écrit en 1956, cet ouvrage intemporel de Maurice Sendak n’a pris aucune ride. Questionner la vie à partir de détails qui semblent anodins, inviter les lecteurs à plonger au cœur d’eux-mêmes pour trouver des réponses à l’existence, voilà un sujet qui porte en lui l’essence des classiques. Et, à ce titre, Sendak n’a plus rien à prouver. Ses textes sont empreints d’une humanité, d’un regard sincère et profond porté sur l’enfance et la vie.
À ce texte en apparence tout simple – traduit ici par Françoise Morvan – l’auteur de Max et les maximonstres joint des illustrations sobres et épurées qui donnent à voir l’essentiel tout en stimulant l’imagination du lecteur. Et c’est là la force de cet album. Car, à première vue, et prise au premier degré, les illustrations, les questions, les dialogues entre Kenny et les personnages restent simples et sans lendemain, mais le génie de Sendak nous pousse à réfléchir et voir au delà de cette apparente candeur. L’enfance est faite de ces questionnements qui ont tendance à se perdre chez l’adulte, ce qui conduit trop souvent les Hommes à reproduire sans réfléchir. Alors, pour stimuler la réflexion, pour que demain ne soit pas une bête copie d’hier, pour que l’humain soit meilleur, allez découvrir et partagez cet album.
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