Alice a toujours été un peu à part à Ferenwood. Dans ce village empli de magie, plus leurs pouvoirs sont grands et plus les habitants sont colorés. Alice, bientôt douze ans, n’a aucune couleur et suscite donc très peu d’intérêt, sinon celui d’Oliver, son ennemi de toujours, qui l’approche pour lui proposer de l’aider à retrouver son père, disparu trois ans auparavant. La jeune fille refuse ; elle compte sur son talent en danse pour gagner le respect des autres lors de sa Présentation de douze ans et mériter une quête bien à elle qui lui permettra de montrer sa valeur... et peut-être même de retrouver son père, le seul qui a déjà cru en elle. Mais face aux talents des autres, sa danse est ridiculisée et Alice se voit remettre une carte noire. Aucune quête, donc. Fuyant l’humiliation qui l’attend, elle accepte de suivre Oliver. Mais dans l’Ailleurs où il l’entraine, il n’y a aucune règle et l’aventure pourrait s’avérer beaucoup plus dangereuse que prévu.
Au pays de l’ailleurs est un roman entre la fantasie et le conte qui joue avec les codes des deux genres et fait de multiples clins d’œil à Alice au pays des merveilles. Complexe et écrite dans un style riche, mais difficile à appréhender, le roman s’adresse aux lecteurs experts.
Quand on commence un récit de Boris Vian, il y a un sérieux moment de flottement, d’adaptation. Il faut oublier le rationnel et « voir » les choses, se laisser emporter par les sensations, l’intuition. C’est la même chose ici. Tahereh Mafi entraine le lecteur dans un univers très près de l’enfance, onirique, très étrange, et le seul guide, un narrateur pour le moins original qui s’adresse au lecteur entre les chapitres, lui pointe des détails importants au fil du récit, est parfois difficile à suivre. Et comme rien ne nous indique ce genre de lecture sur la couverture ou dans le résumé, c’est un choc et il faut s’y habituer. Pourtant, le récit est très beau et fait écho à Alice au pays des merveilles sur différents plans. L’Alice de Tahereh Mafi tombe aussi pour passer d’un village à un autre, et l’intrigue va dans tous les sens avec des rencontres toutes plus étranges les unes que les autres dans un univers où les dangers sont nombreux (les étrangers étant généralement mangés par les habitants de chaque village) et où on offre du thé aux invités.
Le récit de Tahereh Mafi prend toutefois ses racines dans un village magique et Alice a une quête bien établie : la recherche de son père. C’est toutefois très long et l’intrigue aurait eu avantage à être resserrée au centre et allongée à la fin, cette dernière étant trop brusque, trop facile... C’est le genre de récit qu’on lit pour le voyage, mais qui peut aussi nous perdre en chemin.
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