Fils de dragons

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

« Leur vol était majestueux. Leurs crocs, plus acérés que ceux d’un tigre blanc. Aucun arbre ne savait résister à leurs pattes griffues. Pas un lieu ne restait silencieux lorsque l’un d’eux surgissait. Rien n’égalait le feu qui provenait de leur gorge. Yomon regardait les siens avec admiration. »

Le petit homme qui a été élevé dans cette colonie de dragons décide un jour qu’il ne veut plus de son corps d’enfant et rêve de devenir une vraie créature, à l’image de sa famille. Seulement, pour y parvenir il devra entreprendre un long voyage et reprendre aux cinq rois ce qu’ils ont dérobé aux bêtes – un croc, des ailes, une griffe, le souffle tonitruant et le feu éternel. S’amorce alors une traversée, faite de rencontres, d’obstacles, un récit d’apprentissage dans lequel la véritable quête reste celle du père.

Les thèmes du voyage, du courage, de la détermination et de la filiation sous-tendent ce récit écrit avec finesse par Sébastien Pérez.

Mon avis

Rossignol, L’herbier des fées, Les super-héros détestent les artichauts, La petite sorcière, voilà quelques titres qui témoignent du talent de conteur de Pérez. Ses textes regorgent toujours d’atmosphères étranges, enveloppantes, d’univers féériques, fantasmagoriques qui nous transportent dans des contrées parallèles. Ici, le monde des dragons s’inscrit dans cette suite logique qui ne déçoit pas.

Les personnages mis en scène, que ce soit Quiron, le plus sage dragon de la colonie, ou encore les cinq rois rencontrés, contribuent à enrichir le parcours du petit Yomon. Et, pour ajouter à la beauté de l’ouvrage, Pérez s’est joint le talent de Justine Brax avec un style vaporeux, aérien, porté par une grande minutie. S’ajoutent au trait fin des changements de perspectives qui dynamisent le texte et accentuent l’émotion vécue par le héros. Seul petit bémol, la couleur orange fluorescent de la quatrième de couverture – que l’on retrouve ici et là avec parcimonie à l’intérieur de l’album – détonne dans le décor somptueux de l’ouvrage. Le tout est présenté dans un très grand format, de ceux qui n’entrent pas dans nos bibliothèques, mais qu’on préfère de toute façon laisser à la vue.