Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant
Trop souvent, la société ne s'indigne que lorsqu'il est trop tard. Pour Jeanne, fille « canon » de 17 ans, le mal est fait. Heureusement, elle trouve la vie belle malgré ce qu'elle subit. C'est plutôt en pensant aux femmes plus vulnérables qu'elle a voulu agir, se révolter, en posant un geste qui allait attirer l'attention. « Si je ne suis rien, peut-être mon geste sera-t-il quelque chose. » Jeanne se rase les cheveux…
De si beaux cheveux est un très court roman français, présenté sous forme d'une entrevue en monologue, où la narratrice raconte la misère quotidienne qu'elle vit, comme belle fille, face à des hommes harcelants. Son discours, inspiré d'un fait divers survenu en France, s'adresse à tous ceux qui, dès 13 ans, souhaitent réfléchir aux dérives sociales qui découlent de l'apparence physique féminine.
Je dois avant tout admettre que le thème du livre surprend! Gwladys Constant écrit ici sur une réalité à laquelle je n'ai pas souvent réfléchi. Peut-être est-elle moins présente au Québec. Quoi qu'il en soit, s'il existe une infinité de livres traitant des difficultés que vivent les filles possédant un physique en décalage avec les normes sociales d'esthétisme, celui-ci est le premier que je lis sur celles qui plaisent facilement.
De si beaux cheveux lance bien la réflexion. Le lecteur peut ressentir les incohérences de notre monde à propos de l'apparence physique, mais aussi toute la souffrance que peut vivre chacune par rapport à son corps – la jolie narratrice n'oublie personne ici.
« Une fille qui est grosse ou moche, on va se foutre de sa gueule. Une fille quelconque, on va lui dire qu'elle pourrait se mettre en valeur. Et une jolie fille qui fait des efforts, elle va se faire traiter de pétasse. On pensera qu'elle est superficielle, qu'elle n'a rien dans le crâne. Donc une fille sera sans cesse ramenée à son apparence et aura forcément tort en prime. »
S'il y a peut-être exagérations par moments, celles-ci auront au moins le mérite d'exacerber le sentiment de frustration que vit Jeanne face à la stupidité de certains hommes et de la société en générale. Une frustration qui écorche au passage quelques autres travers sociaux, dont le sensationnalisme que recherchent les médias et les pressions que subissent les jeunes. Somme toute, c'est une réflexion bien sentie et articulée sur l'apparence physique que propose Gwladys Constant!
Merci aux éditions Oskar pour le roman!
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