« J’ai appris les chansons de mon enfance sur les genoux de mes parents et de mes grands-parents. Bien plus tard, j’ai compris, en découvrant leur enfance laborieuse, qu’il y avait un envers à la chanson ! »
L’envers de « Savez-vous planter des choux », d’« Il était un petit navire », de « J’ai descendu dans mon jardin », c’est le travail des enfants, celui que chaque petit membre de la famille devait accomplir pour survivre dans ce pays de dur labeur.
« Quand mon père a eu 7 ans, mon grand-père l’a retiré de l’école. C’était en 1914. La famille était pauvre. À la ferme, il fallait utiliser tous les bras, même ceux des tout-petits […] récolter les petits fruits qui tachent les mains, ramasser les patates pleines de terre, transporter les choux ronds et lourds… ».
Cet album documentaire met en lumière la lourde tâche accomplie par les enfants du siècle dernier. Entre 1870 et 1925, la quasi totalité des provinces canadiennes adoptent une loi rendant la fréquentation scolaire obligatoire – au Québec on devra attendre 1942. On implante alors aussi des lois plus restrictives sur le travail des enfants. Malgré cela, le travail des enfants sur la terre, mais aussi dans les mines ou les usines, par exemple avec la filature de coton, était chose courante.
Les thèmes bien sûr du travail, mais aussi de la famille, du Québec et du Canada d’un autre siècle qui sont mis en texte et en images ici sauront titiller l’intellect des plus grands.
Écrite par André Leblanc, cette histoire raconte le passé courageux des Canadiens à travers notamment le vécu d’un grand-père, d’une grand-mère qui, à huit ans, aidait sa propre mère, faisait le ménage, les repas et la lessive avant de s’engager, à 11 ans, dans les usines de filature de coton.
C’est tout un pan de notre histoire qui passe à travers ce récit, malgré tout joyeux. Le ton léger, accompagné d’extraits de chansons tend, oui, à montrer l’envers de la médaille, mais laisse étonnamment transparaitre un sentiment de fierté. Comme si les enfants dans toute cette histoire participaient avec entrain aux tâches, au roulement d’un pays, et y mettaient du cœur à l’ouvrage.
Les photos d’archive choisies ajoutent à cet effet lumineux. Elles nous présentent des petites femmes, des petits hommes bien sérieux, posant fièrement devant la caméra. La douleur ne se laisse pas deviner.
Chaque tableau, chaque scène présentée dans l’album est accompagnée de notes renvoyant à la fin de l’ouvrage où, là, les chiffres, les lois, les violences infligés aux enfants, sous forme de renseignements supplémentaires, viennent donner le véritable envers de la chanson.
Alliant poésie, fierté et réalité, aussi dure soit-elle parfois, cet album, qui a d’ailleurs gagné le Prix TD en 2007 lors de sa première édition, gagne à être revu, relu et partagé.
En librairie dès le 6 mars 2017.
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