Lucie est une étudiante presque sans histoire jusqu’à ce qu’elle se fasse exploser, tuant des dizaines de personnes avec elle. Son entourage ne comprend pas. La jeune fille était discrète, oui, mais elle semblait douce… et ne passait-elle pas des après-midis entiers sur une banquette d’un café avec son amoureux? Chargée de comprendre ce qui s’est passé par la lecture des carnets de Lucie et d’un blog que la jeune femme signait Petra, Leïla comprend rapidement que la kamikaze n’a pas agi sur un coup de tête. Radicalisée, écologiste extrémiste, Lucie a agi en toute connaissance de cause…
S’inscrivant dans une vague de romans qui parlent de radicalisation, Je suis la Terre apporte un souffle nouveau puisque l’auteure a choisi une approche originale. Court, rythmé par les extraits de blog qui viennent entrecouper le récit de l’enquête qui suit le drame, le roman s’adresse à un public avisé.
Vrai, il y a eu beaucoup de livres sur des attentats depuis ceux de Paris, de Bruxelles, de Nice… mais aucun comme celui-ci. Parce que Gwladys Constant voulait parler de radicalisation, de ce qui peut mener un esprit à s’obscurcir, à oublier sa part d’humanité, à choisir l’extrême pour s’exprimer, mais sans toucher à l’aspect religieux. Ainsi, si ce roman débute par une série d’attentats et qu’au fil de l’enquête on découvre comment Lucie s’est jouée de son entourage, a réussi à prévoir son coup sans se faire repérer, on est complètement ailleurs… tout en restant dans quelque chose de tout à fait crédible.
Une autre force du roman, c’est l’angle d’attaque. L’auteure a choisi un point de vue extérieur, celui de Leïla, littéraire convertie en enquêteuse qui est spécialisée dans la lecture « entre les lignes ». C’est elle qui est chargée de lire le blog et les carnets de Lucie et d’y trouver les raisons de son geste ainsi qu’un lien vers un commanditaire, un responsable à arrêter pour éviter que de tels évènements se reproduisent. Mais Leïla a aussi une Lucie dans sa vie, sa propre fille, et les univers s’entrechoquent au fil de l’enquête, ce qui permet au lecteur de s’attacher encore davantage au personnage. C’est un élément bien trouvé, une façon de permettre au récit d’accrocher encore plus son lecteur.
Le petit plus? Gwladys Constant entrecoupe son récit des billets de blog de Lucie, mais aussi de commentaires lus sur les réseaux sociaux, liant entre plus son histoire à la réalité. Ne laissez pas ce livre passer inaperçu!
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