Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de la littérature jeunesse
« Vous avez sûrement un Grand Con près de chez vous, peut-être même dans votre famille. Il y en a partout. Les Grands Cons sont des cons plutôt sympathiques, en général. On peut trouver des Grands Cons, des petits cons, des gros cons, des vieux ou des jeunes cons et, tout à la fin, le dernier des cons. Ce classement est difficile à établir car, assez souvent, les gens ne sont pas seulement petits, grands, gros, ou vieux. On connaît des vieux petits gros. »
Derrière une apparente légèreté, cet album met en lumière le regard que nous portons sur autrui, le jugement facile émis devant les apparences. Les adolescents seront ravis par la candeur, l’humour et le ton goguenard qui se dégagent du discours. Chacun verra dans le grand con un ami, un collègue, un quidam rencontré dans la cours d’école devenu tête de turc pour un oui ou pour un non.
Si, dans la première partie de l’album, Jacques A. Bertrand émet des hypothèses quant à la définition de ce que serait un Grand Con, la seconde partie, toute en illustrations, exprime sans équivoque la connerie humaine. La perspective absurde qui accompagne le trait réaliste de Tina Mercié campe le personnage - présenté d’ailleurs sous les traits de l’humoriste Philippe Chevalier – dans des situations qui permettent de le trouver absolument stupide. Alors que Bertrand expose quelques faits de son quotidien, notamment celui d’être pressé, celui de monter une pente ou la descendre, Mercié s’amuse ferme.
Sous son pinceau, on le voit, l’air niais, dans une voiture portée par une tortue – le rôle d’opposition que joue l’image par rapport au texte accentue l’effet loufoque de la scène – descendre une pente à reculons, sans ski. En montée, le héros monte un cheval dans une situation précaire. Les illustrations permettent au lecteur de poursuivre la réflexion, d’aller plus loin que ce que le texte raconte. Il faut voir aussi le grand format de l’album qui appuie la thématique, tout comme l’image de la page couverture, laquelle n’est toutefois pas assez grande pour laisser apparaitre le personnage dans son entier.
Et si ce con vous fait rire, attention parce que « tout le monde est, a été ou sera, à un moment ou à un autre, une espèce de con ». Nous sommes tous le con de quelqu’un !
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