Miss Ming

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

« Lila vient tout juste de dépasser le pré à vaches d’Antonio et déjà elle aperçoit la maison. Bientôt, elle retrouvera, derrière le portail de bois, le jardin sauvage ébouriffé par les saisons et la vieille baraque un peu fatiguée… Aujourd’hui Lila revient chez sa grand-mère, la fameuse Miss Ming. »

C’est une plongée au cœur des souvenirs d’hier, des instants d’éternité vécus avec sa grand-mère que nous propose Lila. Le retour dans la maison de son enfance, ce temple rempli de mille et un trésors heureux permet à la jeune femme de revivre quelques moments forts, de retrouver l’âme de sa grand-mère parmi les nombreux objets orientaux.

Dans la grande armoire rouge qu’elle ouvre pour la première fois toute seule, Lila retrouve le trésor le plus précieux, une pierre de rêve que lui avait offert Miss Ming alors qu’elle n’avait que 7 ans. « Cette simple pierre contient le monde entier… si tu sais l’observer. Seul un regard sensible peut révéler la richesse et la beauté de ses chemins. Je te préviens, la vie est un long voyage. Bonne route ma douce. »

Cet album, qui s’adresse à tous, saura rejoindre les adolescents sensibles aux relations intergénérationnelles, à l’héritage affectif et immatériel ainsi qu’à la grandeur du souvenir qui reste ancré et bien vivant quand on sait en prendre soin.

Mon avis

On a ici un album qui met en lumière avec finesse la richesse d’une relation entre une grand-mère et sa petite fille, mais aussi une histoire sur la suite des choses, sur la route qui attend cette jeune femme, Lila, pleine d’un passé riche et heureux vécu avec son aïeul. Valérie Dumas nous offre son premier texte, un récit d’apprentissage dans lequel la simplicité de l’écriture est enrichie d’un phrasé poétique réussissant ainsi, sans effort et avec grâce, à nous transporter dans ce contexte de filiation.

Le grand format de l’album laisse une large place aux illustrations et peintures signées ici à quatre mains. Le trait coloré de Valérie Dumas et la ligne pure, toute en noir et blanc, de Jean-Pierre Blanpain, créent un contraste brillant entre les souvenirs bien vivants et ceux figés dans le temps. Les différents angles et perspectives permettent par ailleurs à l’œil de fureter d’un souvenir à l’autre, de saisir l’étendu de ce passé heureux. Si le mariage des styles entre les deux artistes rejoindra moins les adeptes d’une tradition plus classique, d’un esthétisme plus sobre, il réussit tout de même à exprimer avec intelligence l’essence du texte. À découvrir.