Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse
« Il était une fois un petit garçon dont le père était ouvrier agricole dans une ferme de Normandie […] Un jour, le père travaillait dans un champ avec son fils. Ils plantaient tous deux des pommes de terre. Le père faisait un trou avec une houe, le fils envoyait une petite pomme de terre dans le trou. » C’est sur cette douce, simple et attachante relation que s’amorce ce conte écrit par le philosophe Michel Onfray.
Puis, le garçon nous entraine dans un rêve où il vogue sur les océans à bord du snekkar. Il grandit, devient un homme, rencontre la baleine, se rend en Amérique, échange avec les « hommes à peau rouge », revient au pays pour y mourir. À son réveil, son père est sur le point de rendre l’âme. Il meurt ainsi, « debout, sous le ciel sans lune et vide d’étoiles […]. Le fils vit l’âme de son père se faufiler dans l’éther où il irait un jour le rejoindre. »
Dans cet album atypique, Onfray aborde les thèmes universels de la relation filiale et du long voyage que représente la vie. Les grandes questions philosophiques sur la mort et l’au-delà pourraient être abordés avec les adolescents.
L’étoile polaire fait partie de ma bibliothèque depuis sa parution. Toujours là, silencieux, séduisant par son titre, ses aquarelles signées Mylène Farmer – oui, oui, la chanteuse – par le thème aussi, mais pour une quelconque raison, quelque chose de plus grand, je ne sais quel aspect particulier de l’œuvre, je n’arrivais pas à y entrer complètement. Jusqu’à ce jour où je l’ai repris, bien décidée à découvrir ce que cachait cet énigmatique duo.
Les deux yeux rivés sur les mots d’Onfray, la tête pleine d’images lancées à la fois par l’auteur et la chanteuse illustratrice, je suis entrée dans cet univers assurément poétique dans lequel « le père parlait peu, ne désirait rien, ne voulait rien, n’avait envie de rien parce qu’il était fort et libre et qu’il se contentait de la vie qu’il avait sans en vouloir une autre ».
Toutefois, si l’album contient des passages aussi prenants et authentiques que celui-là, la trame, quelque peu embrouillée, reste difficile à suivre. Il y a cette plongée au cœur de L’arbre-monde, Yggdrasil, rempli d’oiseaux, d’animaux, composé de trois racines et il y a ces nombreuses références à la mythologie scandinave, mais tous ces éléments peinent à s’entremêler, à s’unir pour former un tout cohérent. Le chemin que prend Onfray pour mettre en scène cette réflexion reste finalement quelque peu confus. Comme si on avait voulu en mettre plein la vue en oubliant que la simplicité reste parfois la voie la plus brillante à emprunter pour toucher le lectorat. Dommage.
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