Le fils de l'ours

 
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Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

Déposé dès sa naissance devant les portes d’un orphelinat, Azar ne prend pas de temps à espérer qu’un roi vienne l’adopter. « Mais personne ne vint le chercher. » Il est plutôt confié aux exigences d’un dompteur d’ours rustre, froid et autoritaire. Puis, à l’âge de 10 ans, il « empaqueta ses quelques affaires » et partit sur les grands chemins avec son ours tenter d’impressionner quelques badauds errant dans les foires et les villages.

Débute alors une aventure singulière entre le garçon et l’ours Nemo, une traversée remplie d’espoir, de peur, mais aussi de courage.

Cet album, qui saura plaire aux petit par la simplicité apparente du récit, trouvera résonnance chez les adolescents grâce à une trame qui reprend les grandes lignes du roman de formation, qui met en scène un héros découvrant un monde fait de désillusions, de haine, mais qui l’invite aussi et surtout à réfléchir et décider de son sort, de son destin.

Mon avis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si les thèmes de l’orphelinat, des épreuves, de la rencontre avec la société et ses exigences mis en scène dans cet album d’Isabelle Wlodarczyk s’inscrivent dans la lignée de ces récits de formation – qui mettent en scène l’évolution d’un héros de son enfance à son intégration à la société – la finale s’en éloigne. Le sort réservé à l’ours et la décision que prendra Azar en fin de parcours, chute que je tairai bien sûr ici, invite les lecteurs à réfléchir sur les comportements haineux, sur l’intransigeance des hommes et sur le vivre en société.

La richesse de ce récit tient justement à ces différents niveaux de lecture. Les petits y trouveront un texte simple accompagné des illustrations douces et candides de Minji Lee-Diebold, qui appuient et enveloppent cette relation amicale tendre et touchante entre un ours et un petit garçon abandonné. Une relation qui leur fera comprendre aussi que rien n’est éternel.

Les plus grands se laisseront pour leur part porter par la profondeur du thème qui nous transporte du côté sombre de l’humanité, qui nous éveille – si ce n’est déjà fait – à la haine et l’arrogance de l’Homme. Vu sous cet angle, un silence émane des illustrations, une douleur palpable, mais non dite. Il faut voir ce jour où Azar et Nemo atterrissent dans un village inhospitalier. L’ours, installé d’un côté de la page, se fait lapider par une bande de villageois. Le contraste entre les deux clans se voit bien sûr dans cette scène vue légèrement en plongée – un angle qui tend à écraser l’ours – mais aussi dans le choix des couleurs. Alors que ceux qui forment le peuple se présentent en noir et blanc, dépeignant ainsi la grisaille de leur âme, mais aussi l’uniformité de leur état, de leur pensée, Azar est vêtu de vert tendre et de brun orangé, le même que celui qui colore la fourrure de son ours. Contraste frappant et évocateur de cette distance qui sépare le groupe du duo. Un album qui gagne à être lu, relu et partagé.

D’ailleurs, L’enfant qui voulait être un ours, paru en 2002 et adapté du film éponyme de Jannik Hastrup, pourrait assurément être lu en parallèle avec celui-ci.


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Marie Fradette le 10 septembre 2017.

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Le fils de l'ours
Isabelle Wlodarczyk
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