Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de littérature jeunesse
« Le matin dans le mistral, à midi dans le simoun et le soir dans l’harmattan, cet enfant ne pèse rien, il est le jouet des vents […] et si rien ne souffle, il se pose doucement au hasard quelque part sur Terre. » Tout près d’un mendiant, au Rajasthan, sur un dattier à Bilma, là où la belle Adesina rêve d’être aimée par Abideni, ou encore au nord tout près d’un martin-pêcheur qui s’apprête à se fait voler ses sardines par les mouettes, l’enfant du vent se dépose et crée instantanément des instants magiques.
Mais quel est ce prodige et qui est ce petit miraculeux ? Rapidement, tous ces gens partent à sa poursuite, courant « ensemble derrière le même mystère », espérant garder cet enfant volatile auprès d’eux. Dans cette foule bigarrée, colorée, étonnante qui s’essouffle à courir après quelque chose d’impalpable, l’enfant du vent aperçoit « un seul cœur pour six milliards de têtes ». Une foule unie dans un même dessein de trouver le bonheur.
Les thèmes de bonheur, mais aussi et surtout celui de cette solidarité autour du bienêtre, de cet espoir omniprésent dans le cœur de tous les humains sous-tend le discours. Les plus grands seront sensibles à la quête entreprise par les personnages, à cette volonté d’accéder à un monde meilleur.
Éric Puybaret, auteur et illustrateur de plusieurs albums – notamment Cache-lune, Les échasses rouges –nous offre avec Le jouet des vents un album qui mêle habilement poésie et réflexion philosophique. Vers où courent ces hommes et ces femmes ? vers quoi ? et que pensent-ils trouver au bout de leur route ? Ils poursuivent ce petit qui n’est en réalité que le vent, élément fuyant s’il en est un.
La beauté du texte, brodé de mille et une sonorités, jouant de rimes qui nous bercent et nous transportent d’un endroit à l’autre avec une légèreté enviable, n’a d’égal que celles des illustrations envoutantes de l’artiste. Le style vaporeux, léger, permet la création d’atmosphères senties, de décors plus grands que nature qui nous propulsent vers quelques ailleurs invitants. Toujours portée par le mouvement du vent, la course des hommes est palpable dans toutes les scènes, jusqu’à la dernière dans laquelle le petit disparait dans un épais blizzard. À partager pour réfléchir à cette quête universelle du bonheur.
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