La maison sonore

 
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Marie Fradette a apprécié ce livre
Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste de la littérature jeunesse

« Nous arrivons à l’adresse de notre enfance : 273, rue Poupart. Notre maison est là, inchangée. Ou presque. Un inconnu patiente sur notre ancien perron. C’est l’admirateur de ma sœur qui nous attend avec son enthousiasme et sa ferveur. Il n’en a que pour Ludivine, bien évidemment, mais j’ai l’habitude. J’ai toujours été confortable dans l’ombre et le silence, derrière ma sœur lumineuse et bavarde. »

Antonin replonge ainsi, et un peu malgré lui, dans son passé. Ce qu’il pense d’abord retenir de cette maison d’enfance, ce sont surtout les bruits agressants qui venaient « gâcher [s]on repos auditif », « une symphonie d’électroménagers qui marchaient en permanence […], un concerto de hotte, de sèche-linge, de lave-vaisselle et de climatiseur. » Puis, contrairement à sa sœur expansive qui s’émeut devant chaque recoin de cette maison d’enfance, il reste insensible. Stoïque jusqu’à ce qu’il emprunte les escaliers : « C’est violent et vertigineux je revis toutes les descentes, les matins de mon enfance. Toutes les fois où ma main jouait de la harpe avec les barreaux de la rampe. »

L’infatigable et poétique Simon Boulerice explore ici avec une sensibilité toute naturelle les thèmes universels de la nostalgie et de la fratrie. Thèmes qui sauront trouver résonance chez tous les jeunes et moins jeunes qui restent intimement respectueux du souvenir.

Mon avis

Le titre invitant ouvre la voie à un récit qui se laisse découvrir et apprécier. On suit le parcours de ces deux personnages colorés que sont l’expressive Ludivine et le calme et silencieux Antonin. On les suit dans cette traversée de la maison qui devient rapidement une plongée au cœur de leurs émotions, de leur vécu, un voyage en soi. Antonin y redécouvre d’ailleurs le plaisir de chanter qu’il avait laissé dans la cage d’escalier, « dans l’acoustique du cœur de [s]a maison ». L’écriture rythmée, gorgée de mille et un détails, nous donne à voir cet antre. À l’entendre aussi, beaucoup. Le silence d’Antonin se fait entendre, plus encore que les exclamations de Ludivine, que son grand jeu théâtral. L’opposition constante entre ces deux pôles - que sont le bruit et le silence - soutient d’ailleurs avec force le parcours des personnages.

Dans un style postmoderne, alliant le mélange de matériaux, Arassay Hilario Reyes offre des illustrations à la fois vaporeuses et candides, réalistes et oniriques à l’image de ce retour en arrière vécu par les personnages. Le passé se dévoile à travers des tableaux monochromes alors que le présent explose de mille et un feux. Le trait figuratif se mêle à quelques éléments qui rappellent la bande dessinée, Disney pour ne pas le nommer. Un mélange étrange qui – s’il peut rebuter au départ – se laisse apprivoiser notamment grâce à l’intelligence du graphisme. Un album à lire et relire pour la richesse qui en émane et une artiste visuelle à découvrir, assurément.


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Marie Fradette le 11 mars 2018.

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La maison sonore
Simon Boulerice
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