« Un poème ça sert / inutile de tourner autour du pot / de tourner casaque / ou de retourner sa veste / ça sert à tourner sept fois / sa langue dans sa bouche / à se tourner les pouces / en rêvant au silence […] À faire tourner le vent, la tête […] à tourner de l’œil / le dos au malheur », nous raconte l’auteur Dominique Sampiero. Pour Bernard Chambaz, la poésie sert « à tout et à rien. C’est déjà beaucoup ». Ça sert aussi « parfois à soupirer après toi mon amour-aux-yeux-verts ». Raymonde Queneau, Yves Pinguilly, Carl Norac et plusieurs auteurs racontent la poésie dans des vers sensibles, simples et qui invitent à la réflexion. « Je sais que la poésie est indispensable, mais je ne sais pas à quoi », raconte Jean Cocteau avec une lucidité et une franchise qui ne peut que rejoindre les récalcitrants au genre.
Fait singulier et propre à ce florilège, des questions d’enfants et de préados apparaissent dans des phylactères au gré des pages. « Les poètes sont-ils plus amoureux que les autres ? » demande Clara, 9 ans. « Où apprend-on à devenir poète ? À l’université ou dans des stages ? », s’interroge Idriss, 11 ans. Ce à quoi des auteurs répondent avec simplicité et finesse.
Voilà donc une anthologie qui saura éveiller les néophytes – petits et grands – à la poésie, réconforter les amateurs dans leur amour des mots et faire découvrir des auteurs qui nous sont inconnus.
Forts de plusieurs albums et recueils de poésie parus chez Rue du monde, Jean-Marie Henry et Alain Serres parviennent toujours à renouveler leur façon de faire. Le propos qui permet ici d’alterner poésie et paroles d’enfants devient une plongée au cœur du genre. La poésie existe grâce à ces échanges entre des poètes et des jeunes qui ont envie d’en savoir plus sur le métier, la façon de faire, la pertinence. L’interaction donne vie à la poésie, la rend palpable.
Aux poèmes variés signés par une quantité d’auteurs classiques et contemporains, se joignent des illustrations de Laurent Corvaisier. Ses lignes obliques et son trait franc laissent place à un style qui peut représenter la douceur candide d’une nature qui s’éveille tout comme la rigidité d’une scène de prison. La variation de couleurs joue d’ailleurs pour beaucoup dans l’effet ressenti.
Une anthologie qui démystifie le métier de poète et qui démocratise le genre. À ajouter à votre bibliothèque.
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