Chroniques de l'Après-Terre

 
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Pierre-Alexandre Bonin a apprécié ce livre

Billet rédigé par Pierre-Alexandre Bonin, libraire

Le Grand Chaos a profondément modifié la vie sur Terre. Longtemps après cet événement, Joni, une adolescente de 16 ans, est prête à vivre son Initiation. Pour ce faire, sa Grande Mère Janis la charge de recueillir des textes importants des trois grands peuples de l’Après-Terre : les Rebelles, les Fkions et les Éclatants. Aidée de trois compagnes, Nico, Nina et Siouxsie, Joni devra surmonter de nombreuses épreuves pour réussir sa quête. Mais elle ne s’imagine pas à quel point les rencontres qu’elle fera et les villes qu’elle visitera changeront sa vision du monde, et sa propre identité.

Avec une intrigue sous forme de récits imbriqués les uns dans les autres, Jacques Lazure propose une quête mi-initiatique, mi-spirituelle. En raison de la complexité de sa structure et des thèmes qui y sont abordés, ce roman s’adresse à des lecteurs avancés.

Mon avis

Les récits post-apocalyptiques en littérature jeunesse québécoise sont rares et il est donc important de souligner la parution d’un nouveau roman qui appartient à ce sous-genre. C’est encore plus vrai quand il est de qualité, comme l’est Chroniques de l’Après-Terre. Jacques Lazure met en place un univers à la fois totalement différent du nôtre, mais avec assez de référents sur notre propre civilisation pour qu’on puisse en reconnaitre les traces dans les artéfacts, les modes de vie et même les noms des personnages.

La musique occupe une place centrale dans la vie des Rebelles, comme le prouvent les prénoms des personnages féminins : la Grande Mère Janis (Joplin), la Mère Céline (Dion), la fille Joni (Mitchell), ainsi que les trois compagnes de Joni : Nico (chanteuse et mannequin allemande), Nina (Simone) et Siouxsie (Sioux). Les artéfacts les plus précieux des Rebelles sont des disques (vinyles et CD), et même les hommes ont des noms à connotation musicale, comme le démontre le copain de Joni, Djag (Mick Jagger). C’est d’ailleurs un thème qui transcende ce roman, puisqu’il est également au centre d’un précédent titre de Jacques Lazure, Le pisteur de vinyles.

L’écriture y est aussi fondamentale pour les Rebelles, qui sont passés d’une société à patrimoine oral à une culture de l’écrit au fil des siècles. Preuve de son importance, ce sont les femmes qui peuvent devenir scribes et gardiennes des écrits. C’est d’ailleurs le métier que veut pratiquer Joni, une fois son Initiation terminée. Ce thème est au centre de sa quête, et de nombreux documents sont retranscrits au fil du récit, participant à la structure imbriquée qui caractérise le roman.

L’intrigue est somme toute linéaire, Joni part de sa ville natale, Homelanne pour se rendre à Kantar, où elle doit récupérer deux textes sacrés auprès d’un certain Gériko. Pourtant, de nombreuses rencontres et plusieurs incidents viennent ponctuer le récit et lui donner une certaine profondeur. À cela, il faut également ajouter les récits enchâssés, que ce soient ceux de Nico, Nina et Siouxsie, qui permettent de mieux connaitre les compagnes de voyage de Joni, ou encore ceux de personnages rencontrés au fil des villes et villages et qui permettent de mieux comprendre la vie dans l’Après-Terre.

Avec ses jeux de mots qui francisent certaines expressions anglaises (Homelanne serait Homeland, la ville de Dedchour devient dead sure ou « mort certaine »), ses textes religieux ou philosophiques et ses épisodes de réalisme magique (la frontière entre le rêve et la réalité est souvent et allègrement franchie durant le récit), on se retrouve face à un véritable ovni littéraire. Pour cela, il faut saluer l’audace des éditions Soulières, qui n’hésitent pas à proposer des œuvres plus denses ou plus complexes, qui ne trouveraient pas nécessairement leur place chez un autre éditeur.

Jusqu’à la dernière ligne, j’ai hésité à savoir si j’avais aimé ma lecture ou non. Même en rédigeant cette critique, je n’arrive pas à trancher de manière définitive. Ce que je sais, par contre, c’est que c’est un roman essentiel, qui dérange, bouscule et fait réfléchir son lecteur. Et pour ça, je ne peux que saluer l’auteur.


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Pierre-Alexandre Bonin le 20 juillet 2018.

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Chroniques de l'Après-Terre
Jacques Lazure
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