Les étrangers

 
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Sophie a aimé ce livre

Perdu dans ses pensées, Basile ne rentre pas à la maison, ce soir-là. Il se rend plutôt à la gare désaffectée, attendre un train qui ne passera pas, réfléchir à sa vie, à son incapacité à parler à Lou, à son père qui fait des fugues en voiture, désormais incapable de supporter la pression du quotidien, à son meilleur ami qui s’éloigne... Et puis arrive Gaëtan, un type avec qui il allait au primaire. Suivi par quatre migrants. Nima et trois « fantômes », des jeunes sans noms qui cherchent à passer en Angleterre.

Basile sait qu’il y a des migrants dans son coin de pays, des gens qui se cachent sous des camions, prêts à mourir pour traverser la Manche. Mais il ne connait pas vraiment leur réalité. Jusqu’à ce que celle-ci le frappe de plein fouet quand, ce soir-là, il partage son repas avec eux, assiste presque à l’enlèvement de Nima par des passeurs et décide d’aller le sauver avec Gaëtan. Une nuit qui changera son regard sur le monde.

Avec ce roman écrit à quatre mains, Éric Pessan et Olivier de Solminihac tendent la main au lecteur et l’entrainent à leur suite, dans une réalité sombre où il y a quand même des lueurs d’espoir. Percutant et rythmé par plusieurs rebondissements, le roman n’en reste pas moins très psychologique, porté par un narrateur bavard. Pour bons lecteurs.

Mon avis

Une des grandes forces de la littérature, c’est qu’elle ouvre l’esprit à de nouvelles réalités, nous permet de vibrer au rythme des battements du cœur des autres. Si certains auteurs sont adeptes de l’imaginaire, d’autres optent plutôt pour la réalité, permettant à leurs lecteurs de mieux comprendre la vie de certains. C’est dans cette catégorie que se classe ce roman qui met en lumière la réalité des réfugiés en France et la violence de leur quotidien, mais aussi celle de ceux qui les aident à la hauteur de leurs moyens.

« On est arrivés à l'entrée d'un tunnel., il s'est retourné et a mimé un briquet pour que les autres allument des bougies, puis il s'est engagé dans la bouche sombre. 

- On a le droit? j'ai demandé.

- On n'a pas le choix.

Et, tous, on y est allés. »

Si le roman parlera sans doute plus aux Européens puisque c’est la France qui est ici dépeinte, le propos reste universel. On y parle d’adolescents qui ont fui la guerre, qui ont vécu des atrocités, et qui se retrouvent, des centaines de kilomètres plus loin, à devoir survivre, à devoir échapper à ceux qui ont succombé à l’appât du pouvoir et de l’argent et ont décidé de profiter du malheur des autres pour s’enrichir. Mais ce que montre surtout ce roman, c’est ceux qui ont choisi d’aider les migrants. Nima est pris à parti parce qu’il fait passer des jeunes sans leur demander d’argent, ce qui ne fait pas l’affaire de la mafia des passeurs. Et sur le chemin de Basile il y aura aussi Mamie et Pesric, deux personnages haut en couleur qui n’hésitent pas à braver la police, à se mettre en danger pour aider les plus démunis.

Le roman a été écrit à quatre mains, mais il est difficile de le déceler tant le ton est uniforme. C’est peut-être dans les relances, les surprises que les auteurs, écrivant à tour de rôle les chapitres, ont voulu se faire et ont du coup faites aux lecteurs, qu’on sent la différence. Il y a une suite de révélations au fil des pages, des moments de tension qui rythment l’ensemble. Intense, l’histoire utilise peut-être certains raccourcis, mais c’est un coup de poing. Un livre qui ouvre les yeux sur un monde qu’on ne peut ignorer. Un livre qui invite à la réflexion.  

Merci aux éditions l'école des loisirs pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour sa révision du billet!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 6 août 2018.

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Éric Pessan et Olivier de Solminihac
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