Depuis l’histoire de cet homme qui s’était lié, pour son plus grand malheur, à un ours, jusqu’à ce bijoutier perspicace qui voyait bien plus loin que le bout de son nez, en passant par ce champion lutteur qui craignait l’aiguille du tatoueur, c’est au total quelque 43 fables et paraboles venues d’Iran, d’Inde et de Turquie qui nous sont racontées ici.
Adaptées librement du Masnawi, classique ouvrage du poète perse Rûmi – qui a vécu de 1207 à 1273 – ces contes facétieux, paroles de sages et fables, sont pour certaines inspirées de celles d’Esope qui seront reprises par Lafontaine au XVIIe siècle. Voilà pourquoi quelques histoires, bien qu’adaptées et donc légèrement transformées, nous sont familières. Il en est ainsi par exemple de L’amitié d’un ours, qui se retrouvera chez Lafontaine sous le titre L’ours et l’amateur des Jardins.
Mais rassurez-vous, chaque conte, même ceux connus, reste toujours de savoureuses lectures qui gagnent à être partagées. Ce pourquoi les adolescents auraient tout avantage à découvrir ces paroles qui nous racontent la condition humaine, font ressortir les torts, les idioties, les ruses, les contradictions qui définissent et alimentent l’homme depuis la nuit des temps.
Bien que des tonnes de recueils de contes soient offerts sur les rayons des libraires, que les Fables de Lafontaine ne cessent d’être rééditées, enseignées aussi, plus rares le sont les ouvrages qui nous plongent au cœur de la culture persane. Recueillis, traduits et adaptés par deux spécialistes des littératures francophones du Maghreb et du Liban – notamment de l’œuvre de Rûmi – ces contes se lisent avec un plaisir assuré.
Simples, mais empruntant bien sûr le ton propre au genre, ils nous transportent dans cette Perse lointaine grâce à quelques détails qui n’échappent pas au lecteur alerte. On nous parle de Bagdad, du Caire, de temples sacrés tels le khanqah, d’Azaël l’ange de la mort, de fakirs, de chameaux etc.
Pour ajouter à cet univers oriental, Marjane Satrapi offre quelques dessins réalisés en bichromie, évocateurs des ambiances décrites dans les textes. Il faut dire que le regard très expressif des personnages vaut à lui seul le détour. On y lit sans effort et avec plaisir la peur, l’inquiétude, la honte, la colère ou encore la sottise des protagonistes, par exemple.
Bien que plusieurs de ces contes mettent en scène l’Iran, ils ont tous une racine commune, soit celle de l’Humain qui reste fondamentalement et instinctivement le même peu importe sa provenance. Cet ouvrage est à lire et partager, pour se remémorer cet état de fait, pour ajouter à notre culture littéraire et surtout pour nous rappeler bien humblement qui nous sommes.
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