Dix filles allumées !

Billet rédigé par Marie Fradette, spécialiste en littérature jeunesse

Née en 1985, Mélanie Cambia entre dans les cadets de l’air à l’âge de 11 ans et deviendra policière à la gendarmerie royale du Canada ; Aurélie Rivard, malgré une malformation congénitale à la main, devient championne de natation et remporte plusieurs médailles dans des compétitions paralympiques ; Francesca Cicchetti, quant à elle, devient chercheuse en neuroscience malgré les propos décourageants d’un directeur de recherche qui l’invite à changer de métier ou encore à des collègues qui la croient trop jeune – à 29 – ans pour diriger une équipe.

Ces trois figures font partie d’une sélection de dix femmes canadiennes qui, nonobstant des parcours chaotiques, parsemés de doutes, de refus et de déceptions, ont réussi à réaliser ce qu’elles avaient envie de faire. Et ce, contre vents et marées. Ainsi défilent dans ce petit documentaire les Katia Canciani, Catherine Fournier, Florence Gagnon, Safia Nolin, Michelle O’Bonsawin, Roxana Robin et Kim Thuy.

Comme il s’agit de portraits féminins, les adolescentes se sentiront sans doute interpelées par ces femmes fonçeuses, mais la force de caractère, la persévérance et l’assiduité dont elles font preuve restent des traits de caractère qui sauront aussi intéresser les garçons.

Mon avis

Loin des stars inatteignables et de leur parcours tout droit sorti d’un conte de fée, les personnalités qui figurent dans cet ouvrage permettent au contraire de démocratiser, d’une certaine façon, le succès et l’atteinte des objectifs. Les auteures, Laïla Héloua et Corinne de Vailly, toutes deux combattantes et têtues, font ainsi le portrait de femmes qui, à force de volonté et d’efforts, parviennent à s’accomplir tout en restant fidèles à leurs valeurs. Il n’y a aucune magie dans leurs parcours, tout est question de travail et d’espoir. Plus encore, ces femmes sont relativement jeunes – Kim Thuy, née en 1968, est la doyenne – ce qui facilite l’identification. Apprendre qu’Aurélie Rivard participe à son premier championnat mondial à 14 ans ne peut qu’encourager les jeunes qui ont des desseins similaires. En fin d’ouvrage, un portrait bref de quelques pionnières est offert aux lecteurs, ce qui leur permet de découvrir que Thérèse Casgrain, Marie Gérin-Lajoie, Louise Arbour, Idola Saint-Jean et d’autres encore ont ouvert la voie aux femmes.

La présentation de l’ouvrage, constitué de capsules, d’encadrés, de citations, de textes courts, facilite la lecture et invite le lecteur à grappiller ici et là, comme il l’entend. La variation des polices et grosseurs d’écriture ainsi que l’abondance de couleurs participent aussi de cet effet invitant. Le tout est accompagné de quelques illustrations de Mika, qui ajoutent à l’effet ludique de l’ensemble. Toutefois l’aspect fascicule du livre, mince plaquette qui compte 48 pages, aura sans doute du mal à attirer l’œil. Et si l’œil s’attarde, je lui conseille de sauter par dessus le sommaire dans lequel le nom d’une personnalité est bousillé par une coquille. Mis à part ces quelques petits défauts, l’ouvrage a le mérite de faire connaitre des femmes exemplaires. Ce qui est déjà beaucoup.