Arale

Billet rédigé par Anne-Marie Roy, bibliothécaire scolaire

Cette uchronie propose une version altérée de l’issue de la Première Guerre mondiale. Et si elle n’avait jamais pris fin ? Et si la révolution russe avait échoué ? C’est sur ces principes que se déroule le scénario qui nous amène à la rencontre d’un tsar régnant sans partage qui, à la suite d’un accident, se retrouve plongé dans un coma sans fin. L’inquiétant Raspoutine et ses mages noirs tentent une ultime et dangereuse tentative afin de sauver l’homme. En effet, une nouvelle technologie permet de faire basculer l’esprit d’un soldat dans celui du tsar. Ainsi, la mission du loyal héros de guerre, Kyril Noskov, sera d’explorer le labyrinthe mental du dirigeant avec l’objectif de réveiller son corps inerte. Pour ce faire, il devra trouver Arale. L’issue de la guerre dépend de la réussite de cette mission hasardeuse…

Cette bande dessinée s’adresse à un public mature. La lecture est exigeante et nécessite une bonne connaissance des événements historiques liés à la Première Guerre mondiale afin de savourer pleinement toutes les digressions. Par ailleurs, le mélange des genres littéraires est intéressant et cette bande dessinée permet une belle introduction à l’univers de l’uchronie.

Mon avis

J’ai d’abord été séduite par la magnifique couverture, aussi intrigante qu’inquiétante. Cette atmosphère un peu glauque était promesse d’un univers envoutant. Et je n’ai pas été déçue. Le dessin est riche et fourmille de détails auxquels on doit porter attention. L’expression des personnages est soigneusement travaillée et force le respect. De plus, la mise en page dynamique donne un souffle et une cadence rythmée qui accroissent l’intensité du récit.

Dès le départ, le scénario intrigue et fait émerger de nombreuses questions. Qui est la mystérieuse sorcière et quelle est son rôle dans l’accident du tsar ? Quelle est l’origine réelle de Kyril ? Qu’est-ce que « Arale » ? Pour obtenir les réponses, le lecteur doit également se plonger, à l’instar de Kyril, dans le labyrinthe mental du tsar. Or, la route n’est pas aisée, le scénario mêlant les échos du passé aux rêveries inquiétantes. De plus, en parallèle, nous suivons les recherches frénétiques de Saskia, la femme de Kyril, qui tentent de retrouver celui-ci, dont elle n’a plus de nouvelles… ce qui la conduira sur la piste d’étranges disparitions. Ouf, décoiffant! Heureusement, le scénariste s’assure d’attacher tous les fils de son récit en fin de parcours.

Je suis sortie de ma lecture essoufflée, mais grandement satisfaite. Les détracteurs de la bande dessinée seront déboutés, car la facilité ou la simplicité reprochée (à tort) à ce médium ne sont pas de mise ici. Arale offre un récit complexe de même qu’un dessin recherché afin de créer un ensemble envoutant. Je crois qu’il est important d’offrir ce genre d’œuvre aux adolescents afin de les initier à toutes les possibilités du 9e art, qui parfois exige des lecteurs un effort de lecture supplémentaire.

Merci aux éditions Dargaud et à la Boite de diffusion pour la bande dessinée.