« Je suis contre les rapports humains réels. Internet et le courrier, c’est le paradis. La vraie vie, c’est l’enfer. » Mais voilà, Max doit quitter les murs de sa chambre et retourner à l’école alors que Flora sort de prison et doit aussi reprendre une vie normale, si cela est possible.
Alors que Flora penche pour l’anthropologie, Max doit choisir un profil technique étant donné la faiblesse de ses résultats scolaires passés et débute un CAP cuisine dans lequel il s’épanouit malgré des petits moments de rechute. Ensemble, ils trouvent leur équilibre dans une maison de retraite pas comme les autres sur le bord d’un lac, mais quand un projet de centre commercial menace d’expulsion tous les résidents, ils n’ont plus le choix : il va falloir affronter la vie, la vraie, s’ils veulent y survivre.
Après La folle rencontre de Flora et Max, Coline Pierré et Martin Page continuent l’aventure de l’écriture à quatre mains en ouvrant cette fois les murs qui entouraient leur personnage pour les plonger dans la vie réelle. Parlant de résilience, d’entraide, d’amitié, mais aussi d’environnement, de la nécessaire solidarité et de crises d’angoisse, ils s’adressent aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Au départ je n’étais pas certaine. Comme si les auteurs, comme leurs personnages, cherchaient leurs marques dans le nouvel environnement de vie réelle dans lequel ce roman nous plonge alors que le premier était en huis clos. Il m’a fallu à peu près 60 pages pour retrouver mon bonheur d’être avec ces deux-là, Max et Flora, personnages extraordinaires de par leur différence, leur besoin de trouver leurs propres repères dans un monde parfois trop carré.
Le duo d’auteurs, Martin Page et Coline Pierré, commencent le récit avec plusieurs considérations écologiques qui sont dans l’air du temps, oui, mais un peu trop plaquées sur l’histoire, pas assez importantes pour Flora ou Max eux-mêmes si bien qu’on se demande qu’est-ce que ça apporte au livre. Heureusement, quand on en vient au projet du centre commercial qui menace la maison de retraite, là, ça a du sens. Là, on est choqués. Au départ, il y a aussi les copains de l’école à distance qui se crée dans la maison de retraite, mais eux aussi semblent difficilement coller au récit et sont oubliés par moment. En fait, Max et Flora sont deux personnages si denses qu’ils sont suffisants et, au bout d’un moment, les auteurs reviennent à ce cœur. L’intrigue prend alors son envol, tout comme nos deux oiseaux sauvages. Max, d’abord, avec ce CAP en cuisine où il s’épanouit au-delà de ses attentes (la scène dans le bureau du directeur est succulente). Flora, ensuite, qui entreprend des études d’anthropologie tout en intégrant une équipe de roller derby (oui, oui, et ça lui va comme un gant!). « De quoi? C’est ce que j’ai demandé à Flora la première fois qu’elle m’a parlé du roller derby. Au début, je pensais que c’était une sorte de course de chevaux dans une piscine. Je ne suis pas contre le sport : c’est le sport qui est contre moi. » Il y a aussi toute la relation entre eux qui évolue (et devient une cause de stress pour chacun), et qu’ils doivent gérer (ce qui donne aussi lieu à des scènes parfaites).
Bref, l’histoire prend du temps à démarrer, mais réussit à nous captiver. Par ailleurs, si je tenais tant à lire cette suite, c’était aussi pour l’écriture. Et alors là, dès le départ j’ai retrouvé mon bonheur. En fait, j’aurais truffé cet article de citations tant il y a de perles (mention spéciale à la comparaison entre la vie et une machine à laver, ça a beaucoup parlé à la timide que je suis) au fil des pages, des comparaisons, des métaphores juste parfaites. Chapeau! (Et au plaisir de relire ces auteurs, seuls ou en duo!)
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