Nous sommes à Tokyo en 2019. Dans ce futur, pas si lointain, un comité de censure a été mis en place afin de limiter, voire d'interdire, les œuvres culturelles jugées nocives pour la jeunesse. Tout y passe : films, mangas, livres, jeux vidéos... Une grande partie de la population soutient d'ailleurs ce mouvement de censure et va jusqu'à y participer. C'est dans ce contexte très tendu qu'un jeune mangaka, Mikio Hibino, se lance dans la publication d'un manga d'horreur particulièrement violent, Dark Walker.
Poison City est un manga d’anticipation de type seinen manga ou manga pour jeunes hommes qui aborde le thème de la censure. Cette série en deux tomes s’adresse à un public de plus de 15 ans et à des lecteurs intermédiaires et avancés.
De par son thème très controversé, Poison City fait partie de ces ouvrages qui marquent et qui poussent le lecteur à la réflexion. La violence d’une œuvre peut-elle avoir une influence sur ses lecteurs ? Dans quelle mesure doit-on protéger la jeunesse des œuvres dites « subversives » ? C’est en se basant sur sa propre expérience que Tetsuya Tsutsui, dont le manga Manhole a été censuré dans une partie du Japon, aborde ces questions délicates.
Néanmoins, Poison City ne donne pas seulement matière à réflexion : il sert également un scénario des plus prenants où se mêlent à la fois le monde réel et les passages du manga de Mikio Hibino. Très vite, on est happé par l’histoire et on ne peut plus lâcher ce manga coup de poing. On s’attache également au personnage de Mikio Hibino tandis qu’on le suit dans son cheminement et ses interrogations quant à son métier de mangaka. Nous découvrons les modifications qu'on l'oblige à imposer à son oeuvre et celles qu'il est prêt à accepter, car tout est passé au peigne fin. Veut-il être un mangaka qui écrit pour obtenir un salaire et vivre ou un mangaka qui veut à tout prix raconter SON histoire au risque que celle-ci soit interdite et sa carrière mise à mal ?
En ce qui concerne le dessin, Poison City est le manga le plus soigné que Tetsuya Tsutsui ait sorti jusqu’à présent. On retrouve son coup de crayon, déjà très réaliste dans ses œuvres précédentes, mais bien plus travaillé et détaillé. Ses personnages et leurs expressions plus vraies que nature sont tout simplement bluffants. On remarque même un travail plus poussé au niveau des décors, ce qui a parfois pu lui manquer par le passé. Tetsuya Tsutsui continue de mûrir en tant que mangaka et ça se sent. En tout cas, une chose est sûre : de part sa particularité à réussir à pousser à chaque fois son lecteur à la réflexion à travers ses thrillers, Tetsuya Tsutsui s’impose comme l’un des maitres du manga seinen.
Nouveau commentaire