Louis a été vendu au Laboratoire de la Société par ses parents, tous deux universitaires, à cause de ses facultés intellectuelles. En effet, il associe les chiffres à des couleurs, ce qui lui permet de compter avec un système de logique complètement différent, et il est capable de décoder n’importe quel langage en très peu de temps. Avec lui se trouvent Nathan, qui effectue des calculs complexes en manipulant un boulier à une vitesse impossible à suivre pour l’être humain, et les jumelles, Maude et Chloé, qui créent des programmes informatiques tous plus élaborés les uns que les autres, en plus d’avoir un langage qui leur est propre. Les quatre jeunes sont dans la classe de Fanny et d’ Océane, une stagiaire. Ils apprennent à comprendre et décoder les émotions et chacun a un projet personnel. Pour Louis, c’est l’écriture d’un livre - celui que nous lisons.
Ce nouveau roman de François Gravel explore le neuro-atypisme (généralement associé aux troubles du spectre de l’autisme) dans une histoire aux accents futuristes, voire dystopiques… Puisque le narrateur n’utilise pas de ponctuation à l’exception du point, et que le récit n’est pas structuré de manière conventionnelle, c’est un roman qui s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés de 11 ans et plus.
Ouf! C’est une véritable expérience à laquelle nous convie François Gravel avec son nouveau roman. On voudrait prendre le temps de s’habituer au schéma de pensée de Louis, le narrateur, qui écrit tout ce qui lui passe par la tête, sans filtre, avec des retours sur quelque chose qu’il a dit auparavant, des parenthèses explicatives et des précisions parfois très pointues. Pourtant, le rythme de la narration ne nous en laisse pas le temps, et on n’a d’autre choix que de se laisser emporter par le flot de mots produit par Louis.
Au départ, j’ai été choqué par le fait que ses parents puissent l’avoir vendu à une Société (qui n’est jamais nommée), mais je n’ai pu m’empêcher d’être curieux et de vouloir en savoir davantage. Puis, à mesure que le récit progresse et que Louis comprend ou découvre certaines choses, j’ai été carrément horrifié par la société dans laquelle lui et ses amis évoluent. Parce qu’il y a des ressemblances troublantes à la nôtre, et que j’ai bien eu envie de mettre un nom sur cette fameuse société (avec le sourire, dirai-je comme seul indice).
Comme pour La vraie et Hò, deux de ses autres romans pour ados parus chez Québec Amérique, François Gravel utilise un certain flou pour ce qui est du contexte. Les repères temporels sont volontairement gommés, tout comme ceux permettant de savoir où l’action se déroule.
Neuro, c’est un roman qu’on lit une première fois sans se poser de questions, mais qui donne envie d’y revenir mieux préparer, pour tenter de mieux comprendre ce qui se passe et pour apprécier le travail de l’auteur sur les personnages, la narration, bref, tout ce qui compose ce roman époustouflant (et essoufflant!). Un véritable tour de force.
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Dès le début de la lecture, le rythme du récit m'a emporté. J'ai beaucoup, beaucoup aimé !! Il faut dire qu'avec François Gravel, je n'ai jamais été déçu.