Lors de son huitième anniversaire, les parents de Lucien lui ont expliqué le principe de la fonction : une fois dans sa vie, au moment où il le choisirait, il pourrait effacer soixante secondes de son existence grâce à une pression sur le haut du nez. Cette minute disparaitrait pour tous les autres, lui seul s’en souviendrait.
Alors qu’il est adolescent, Lucien habite chez sa tante le temps d’un été et participe à la création d’une pièce de théâtre. Mais si l’ambiance est bonne à la maison et entre sa cousine et lui, Lucien se fait rapidement un ennemi, Noah, qui le prend en grippe sans vraiment de raison. Entre les deux, la rivalité grandit, la violence couve. Soixante secondes suffiront-elles pour que tous s’en sortent indemnes ?
Dans ce roman, André Marois explore sous un nouvel angle l’univers qu’il avait créé dans le cadre du roman « adulte » La fonction. Abordant les thèmes de la responsabilité du choix et de l’adolescence en général avec tout ce que ça comporte de variations émotionnelles, il s’adresse à tous les lecteurs.
« [La fonction] est une chance unique pour notre civilisation et pour toi. Tu dois donc te montrer à la hauteur lorsque tu décideras d’en profiter. »
Quand on pense à la « fonction » que tous possèdent dans l’univers d’À une minute près, on pense d’abord à ce qu’on peut en faire : sauver des vies, effacer de grandes humiliations, aider des proches. Mais ce qu’André Marois explore aussi dans ce récit, c’est toute la dimension des secrets et les conséquences de ceux-ci. Personne ne sait qui a utilisé sa fonction, ni dans quelles circonstances. Il y a ce flou autour de ce qui n’est pas dit, qui est disparu de notre esprit, mais bien arrivé, ce qui est assez perturbant. D’ailleurs, certaines scènes appuient sur cette idée et suscitent une réflexion, d’autant plus que, comme André Marois adopte les points de vue de différents personnages, même le lecteur se demande parfois ce qui a vraiment pu se produire.
En outre, il y a aussi toute cette notion de « bon moment » amenée dès le départ, la décision qui doit se prendre si rapidement, mais qui est aussi si lourde. Pour montrer différentes possibilités, André Marois a fait le pari d’expliquer aussi les réalités des adultes et leur propre utilisation de la fonction, mais ce n’était peut-être pas nécessaire. En si peu de pages, on aurait pu davantage creuser les personnages d’adolescents, notamment la relation entre Noah et Lucien, qui est le point faible du récit. Oui, on est parfois un peu sanguin à l’adolescence, mais on comprend difficilement pourquoi Noah s’en prend autant à Lucien, et si rapidement. N'empêche, cet univers est fascinant. Et je suis sortie de ma lecture en me disant que je suis bien heureuse que cette fonction n'existe pas dans notre monde, finalement...
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