Tout commence au parc des Bastions, à Genève. Judit, presque 12 ans, s’y rend pour les grands échiquiers. Pas pour jouer, non, plutôt pour dessiner les pièces, un exercice parfait pour se préparer à son concours de dessin. Mais ce jour-là, Roger et son père piquent d’abord sa curiosité avant de lui montrer à jouer. Et quelque chose s’ouvre en Judit. Une passion pour les échecs qui renverse tout sur son passage (et arrive même à la détourner du dessin, un exploit) et qui fait en sorte qu’elle persévère malgré que ce soit difficile. C’est ainsi qu’elle rencontre Mister Aliyat, un vieil Iranien imbattable qui joue tous les jours dans le parc et qui lui ouvre les portes de cet univers et de ses légendes même s’ils ne parlent pas la même langue. C’est pourquoi, quand le vieil homme est arrêté pour terrorisme à la suite d’une victoire un peu trop éclatante face à un jeune homme revanchard, Judit décide de l’aider. Coute que coute. Et en utilisant ce qu’elle connait : les échecs et ses tactiques.
Abordant les thèmes de la discrimination, de la détermination, de la parentalité, de la différence, de la tolérance et de la solidarité, Ricard Ruiz Garzón signe un récit émouvant qui s’adresse aux lecteurs intermédiaires, dès 11 ans.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce récit, profondément humain. Il y a la personnalité bien particulière de l’héroïne, le cadre des échecs et l’apprentissage (ça m’a d’ailleurs redonné envie de jouer), toute l’aventure autour de Mister Aliyat et de la volonté de Judit de le sauver de l’expulsion, mais c’est aussi la relation de cette dernière avec son père. Ou plutôt, l’absence de relation, le père en question, un grand artiste, étant retourné dans sa Hongrie natale quand elle était toute petite et ne donnant que peu de nouvelles. C’est ce qui teinte tout l’intérêt de Judit pour l’art et c’est ce qui rend sa nouvelle passion pour les échecs encore plus puissante, puisque cette fois-ci c’est complètement à elle, une pulsion naturelle et non pas née du besoin de se lier par tous les moyens à celui qui l’a rejeté.
Accessible dans son vocabulaire, le roman est toutefois un peu complexifié par la structure du récit, raconté via des retours dans le temps par un narrateur mystérieux qui ne nous dit pas qui il est avant la fin. C’est peut-être ce que j’ai le moins aimé de ce livre parce que ça occupe l’esprit tout au long : qui est-il ?! Et si la révélation est charmante, et tout à fait dans la lignée de l’histoire, ce questionnement n’apporte pas grand-chose à l’intrigue, déjà vraiment intéressante par elle-même. Bref, un roman à découvrir !
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