Bérénice n’a jamais aimé son prénom qui lui vaut les moqueries, que ce soit « Bérénice la réglisse » ou encore « Bérénice à hélices ». C’est pourquoi elle a décidé de changer. Et si sa mère n’est pas d’accord, tant pis, Bérénice fera la grève jusqu’à ce qu’elle change d’avis. À sa grande surprise, sa mère lui propose plutôt un compromis : si elle découvre l’origine de ce prénom, et comprend pourquoi ses parents le lui ont donné, elle pourra changer si elle continue de le détester. C’est ainsi que l’adolescente part sur la trace de cette héroïne de roman qui a inspiré ses parents, née de la plume de Réjean Ducharme, cet artiste pour le moins intrigant.
Catherine Trudeau et Cyril Doisneau conjuguent leur talent dans ce roman graphique qui parle d’adolescence et d’individualité, mais aussi d’art, de quête de soi et de filiation. Pour tous les lecteurs !
Réjean Ducharme n’est pas un écrivain facile à aborder. Quand les adolescents s’y frottent, c’est généralement parce qu’ils sont obligés de le lire pour l’école, ce qui a d’ailleurs été le cas de Catherine Trudeau, en cinquième secondaire, qui n’a pas eu un coup de foudre immédiat. Pourtant, c’est autour de lui qu’elle a choisi d’écrire ce roman graphique qui vise un public assez jeune, mais peut plaire aux adolescents qui cherchent une façon accessible de découvrir son œuvre. C’est ainsi avec une histoire qui parle du quotidien, mais aussi de la quête de soi, qu’ils feront sa connaissance.
L’autrice a une écriture dynamique qui va très bien au caractère de son héroïne, une préadolescente en laquelle on croit grâce à sa fougue, sa détermination (elle envoie même une mise en demeure à ses parents), sa curiosité, sa façon de s’exprimer. Délicieusement mise en scène par Cyril Doisneau, dont les illustrations vives et le trait de crayon semblent parfaits pour un tel récit, Bérénice entraine ses lecteurs dans une histoire qui se nourrit à l’œuvre de Ducharme tout en étant plus accessible. D’ailleurs, si certaines expressions surprennent, c’est peut-être qu’elles ont été empruntées à la langue, aux expressions de l’auteur de L’avalée des avalés lui-même, comme autant de clins d’œil à celui qui s’est démarqué par son utilisation de la langue, sa créativité, ses sculptures aussi. Ça peut parfois sembler étrange dans la bouche d’une enfant, mais Catherine Trudeau semble avoir trouvé le ton juste et l’héroïne idéale pour porter cette histoire. Bonne lecture !
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire