Au royaume des menteurs

 
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Sophie n'a pas vraiment aimé ce livre

Sam sait bien qu’elle est chanceuse d’intégrer la prestigieuse Académie Edward, certaine que les cours dans cette école réputée pour la qualité, et la rigueur, de son enseignement lui ouvriront les portes de la faculté de droit de Harvard. Aussi cherche-t-elle rapidement à s’intégrer même si elle a l’impression d’être toujours un peu à côté. Aussi ne réagit-elle pas lorsque, lors de son bizutage, sa préfète la force à se déshabiller avant de lui faire des commentaires déplacés sur son physique « dans le but de l’aider ». Aussi apprend-elle par cœur le code d’honneur de l’académie, qui indique bien que les élèves doivent tout régler entre eux. Mais quand Scully, le plus beau des garçons de quatrième année, capitaine adulé de l’équipe de waterpolo, profite d’une fausse séance de rattrapage pour abuser d’elle, Sam refuse de baisser la tête. Même si ça veut dire affronter les milliards du père de son agresseur. Même si ça veut dire faire face à une communauté tissée serrée qui tient à ses mensonges. Mais il va lui falloir un plan. Et un témoignage hors de tout doute…

Abordant le thème de la culture du viol et de la difficulté de dénoncer, mais aussi la culture dangereuse de certains milieux riches et fermés, Kiersi Burkhart signe un récit à double voix qui s’adresse aux lecteurs intermédiaires.

Mon avis

Oui, on pourrait dire que les livres sur les « droits des filles » et la « culture du viol » sont à la mode ces derniers temps, mais j’ai l’impression qu’on n’en parle jamais trop et j’avais envie de découvrir cette histoire. Toutefois, j’ai été déçue par l’écriture de Kiersi Burkhart. La fin m’a surprise et m’a davantage fait apprécier la structure du livre, mais c’était comme trop tard.

En fait, l’intrigue en elle-même est intéressante, avec notamment cette culture du viol pernicieuse mise en lumière et la raison pour laquelle les victimes peuvent vouloir dénoncer : « Merci de nous en avoir parlé ; cela va aider à préserver la sécurité d’autres filles », le dit si bien une enseignante de Sam, un de mes personnages favoris (et cette phrase prend tellement un double sens ! Ça, c’est génial). C’est aussi bien de voir le processus judiciaire une fois qu’une plainte est déposée ainsi que toute la difficulté pour une victime de porter plainte, de vivre avec le regard (et la méchanceté) des autres (et la façon dont s’est tourné le montre encore plus).

Bref, il y a du bien, mais malheureusement les personnages manquent de substance pour qu’on y croie vraiment et c’est difficile de s’attacher à eux. On ne connait Sam qu’à travers ce qu’elle dit de ses cours, de son emploi du temps, de ses parents (qu’on découvre un peu plus lorsqu’ils la sortent du collège), mais on n’a pas accès à ses souvenirs, à sa personnalité. Ses anciennes amies sont vite balayées sous le tapis, on sait qu’elle veut aller étudier en droits, mais c’est tout. Elle reste en deux dimensions.

De la même façon, je n’ai pas cru au personnage de la journaliste, Harper, qui apparait dans la deuxième partie. Elle sert l’intrigue parce que l’alternance des voix entre Sam et elle permet de montrer l’intérêt et les obstacles des journalistes quand vient le temps de parler de ce genre de récit (et l’autrice l’a imaginée noire, utilisant cette caractéristique pour mettre l’emphase sur les privilèges des riches hommes blancs), mais Harper est désincarnée. Elle enquête sur l’histoire de Sam, pose des questions, éprouve de la compassion, de la pitié, de la colère à l’endroit de Scully, mais elle n’a pas de personnalité propre. Mis à part le moment où l’autrice dit qu’elle est sur une application de rencontres (et qu’on a davantage l’impression que ça sert à meubler le paragraphe), on n’apprend rien sur elle : elle n’a pas de vie, d’aspirations personnelles, de passé qui viendrait nourrir son présent.

Bref, Au royaume des menteurs est un récit dont le résumé est accrocheur et la finale surprenante, mais ça manque de ressenti et de profondeur.  


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 25 mai 2020.

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Au royaume des menteurs
Kiersi Buckhart
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