« La guerre est une machine à douleur, l’usine malfaisante de toutes les rages »
Les deux Letria s’unissent à nouveau pour nous offrir cette fois-ci un album percutant, où la guerre est personnifiée par une colonie d’insectes – araignées, millepattes, vers, coquerelles – qui, tels des parasites, s’immiscent chez l’Homme et lui font commettre les pires atrocités. Une fois atteint, l’Homme, animé par une rage meurtrière, écrase, détruit et brule tout sur son passage jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. « La guerre, c’est le silence. »
Il est vrai qu’avec un accompagnement ce livre, classé 8 ans et plus par l’éditeur, pourrait probablement être accessible aux plus jeunes. Néanmoins, il ne pourra être exploité à son plein potentiel qu’avec les plus vieux. La richesse du vocabulaire et la portée métaphorique du texte le rendent, en effet, plus approprié pour le secondaire. L’analyse que les lecteurs plus aguerris pourront en faire sera d’ailleurs beaucoup plus riche et profonde.
Si les albums sur le thème de la guerre sont nombreux, celui-ci se démarque par son approche beaucoup plus poétique, qu’on pourrait pratiquement qualifier de philosophique. L’album ne nous raconte pas réellement une histoire – ou peut-être, au contraire, nous les raconte-t-il toutes – mais amène plutôt une réflexion sur la guerre : sa nature, ses causes et l’ampleur de ses conséquences. Chaque phrase, toutes plus efficaces, poétiques et évocatrices les unes que les autres, mérite qu’on prenne un temps d’arrêt pour en approfondir le sens et en apprécier le style.
Les magnifiques illustrations réalisées à l’aquarelle qui accompagnent le texte sont en parfaite harmonie avec celui-ci : sombres, subjectives et percutantes. Elles permettent d’ailleurs au texte de prendre tout son sens et le rendent plus accessible pour les plus jeunes lecteurs.
Bref, même si cet album contient peu de texte – tout au plus une phrase par page – c’est un livre qui mérite qu’on lui accorde du temps, qu’il faut lire lentement. On tient vraiment entre nos mains une œuvre qui frappe droit dans le mille pour aborder le thème de la guerre et de laquelle jailliront assurément de belles réflexions.
Petit plus : ce livre regorge de figures de style et permet donc de travailler cette notion autrement qu’à travers les poèmes.
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