Atteint de troubles obsessionnels compulsifs, Félix ne l’a pas facile, à l’école. C’est pourquoi, la veille d’un voyage scolaire qu’il a bien l’intention de rater, il écrit un texte pour se défouler. Un texte dans lequel tous ceux qui le harcèlent meurent les uns après les autres. Mais quand la journée du lendemain commence de la même façon que dans son histoire, il a un doute. Et si ce qu’il avait inventé se produisait ? La seule solution semble de participer à ce voyage pour empêcher la suite de son scénario de se produire. Mais encore faudrait-il savoir comment contrer l’inéluctable…
Avec Comment tu m’as fait mourir ?, Gilles Abier signe un suspens haletant rempli de stress, à la fois pour les personnages et pour les lecteurs. Dense et complexifié par le nombre de personnages, le roman vise les lecteurs intermédiaires.
Il y a eu beaucoup de livres portant sur le harcèlement scolaire en littérature pour adolescents et la quasi-majorité sont des intrigues centrées sur la psychologie, donnant tantôt la voix aux victimes, tantôt à leurs bourreaux. Gilles Abier a ici fait un pari différent, traitant ce thème à travers une histoire pour le moins intense, ponctuée par les morts et la peur, dans lequel le message passe néanmoins toujours. En effet, il a su glisser entre les pages une suite de moments qui peuvent susciter la réflexion : la réaction fabuleuse quand un autre le traite de pédé par exemple, l’entraide qui se tisse au cours du repas, le rapport à la différence, les particularités de Félix, etc. On voit aussi le personnage principal évoluer au fil de l’aventure et le regard de ceux qui l’entourent (du moins certains) changer.
Ces moments sont des points de repère intéressants dans une intrigue qui démarre en force (et qui compte un nombre impressionnant de personnages, ce qui fait qu’on peut être un peu perdus au départ) et ne fait ensuite que s’accélérer au fil des morts. Toutefois, si le début est encore crédible, la fin est plus brouillonne. Oui, l’intensité est à son comble, mais ça part dans tous les sens et le propos (et parfois le sens) se perd dans une suite de péripéties qui n’ont plus vraiment de lien avec la réalité. C’est captivant, bien sûr, et une fois sur le bateau il est quasiment impossible de s’arrêter de lire puisque tout déboule, mais j’espérais un peu plus (ou un peu moins !). N’empêche, c’est un livre qui fait « différent » et permet un regard intéressant à la fois sur ceux qui souffrent de TOC… et sur ceux qui les harcèlent !
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