L'attrape-malheur – Entre la meule et les couteaux

 
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  • Fiche technique
  • Titre : Attrape-malheur (L') Entre la meule et les couteaux
  • Auteur : Fabrice Hadjadj
  • Illustrateur : Tom Tirabosco
  • ISBN : 9782889085187
  • Éditeur : La Joie de Lire
  • Année de publication : 2020
  • Nombre de pages : 278 pages
  • Niveau de difficulté : avancé
  • Public cible : 12 ans et plus
  • Genre : Fantastique
  • Mots-clés : Relation parent-enfant, Pouvoir, Cirque, Guerre
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Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant et Isabelle Guinaudeau, chercheuse de trésors en trio avec deux jeunes moussaillons

Dans un monde médiéval nait un garçon aux pouvoirs aussi surprenants qu'effrayants. Rien ne peut blesser Jakob; il encaisse tous les coups et son corps se reconstitue instantanément, sans cicatrice. Toutefois, si une personne qu'il aime souffre, il la décharge de tous ses maux et les subit à sa place. Est-il ainsi condamné à ne jamais aimer? Jakob est un Attrape-Malheur. Un couteau à double tranchant.

L'adolescent, tourmenté et délaissé (par amour!), ne tardera pas à quitter le désespoir de son village natal. Sa porte de sortie est Barnoves, magicien, lanceur de couteaux et Monsieur Loyal d'un cirque engageant les plus étranges individus qui soient. Barnoves initie le garçon aux arts du cirque et du spectacle et lui présente ses nouveaux collègues, qui deviendront sa nouvelle famille. Mais sitôt célèbre, Jakob se butte aux mêmes défis. Dès qu'il semble éprouver de l'affection pour une personne, celle-ci se détourne de lui.

Ses relations sont pourtant loin d'être ses seuls soucis. Le monde est sur le point d'entrer en guerre. Et le pouvoir de Jakob attire irrésistiblement les deux camps. Sans parler de l'énigmatique cavalier démon encapuchonné. Que lui veut-il exactement? Jakob sait qu'on lui cache bien des secrets, et il refuse de n'être qu'une marionnette!

L'Attrape-Malheur, Entre la meule et les couteaux est le premier tome d'une trilogie chez La Joie de lire. Ce roman jeunesse illustré et atypique, au style très travaillé et aux attributs philosophiques, s'adresse à un lectorat avancé.

L’avis d’Isabelle : 4 étoiles

Le premier volet de ce qui sera une trilogie nous plonge dans un univers médiéval de villes fortifiées et de champs, de moulins et de remparts, de seigneurs et de lanceurs de couteaux, de chevaux et de mandolines. Un monde à mille lieux du nôtre, mais la vie, ses épreuves et ses dilemmes n’y sont pas si lointains : la peine de s’arracher à une enfance heureuse et à ses parents, la grâce et l’infortune d’être différent, la difficulté de trouver sa place dans un monde fondamentalement ambigu.

L’Attrape-Malheur a captivé toute la famille et nous n’avons fait qu’une bouchée de ses 280 pages. Avec ce premier roman jeunesse, Fabrice Hadjadj s’impose comme un grand conteur, brille par son art d’interpeller le lecteur, d’associer les mots avec l’entrain d’une comptine, de composer des dialogues savoureux et d’imaginer des personnages hors du commun. Outre le héros de l’histoire, qui nous a touchés dans sa simplicité et son humanité, j’aurais envie de parler par exemple d’Avner, le mime-poète, qui « taille dans l’étoffe de nos songes, travaille avec la matière de notre mémoire » pour déployer des univers entiers dans notre imaginaire.

« On ne sait pas qui de Ragar ou d’Altemore va le premier tenter d’annexer la Brandes puis la Contrée, mais l’une et l’autre vont tôt ou tard devenir le terrain de leurs luttes. »

La construction de son intrigue autour d’un parcours initiatique riche de péripéties, d’embuscades et de rencontres est la preuve d’une grande maitrise. L’univers s’étoffe petit à petit et on découvre que la Contrée paysanne d’où vient Jakob n’est qu’une province d’un royaume plus vaste, lui-même menacé par un empire plus vaste encore où une guerre oppose les tenants de la nature à ceux du progrès technique. Des affrontements qui restent à l’arrière-plan dans ce premier tome mais qui contribuent déjà à piquer notre curiosité, au même titre que ce cavalier qui semble suivre Jakob à la trace, si bien encapuchonné de noir que l’on ne distingue pas son visage…

« Croyez-vous que toutes les joies saignent ? »

Ce roman a sa façon particulière de questionner les dilemmes moraux et l’ambivalence du bien et du mal, de l’amour et du « progrès », à l’image de la dialectique des dialogues de frères siamois de l’histoire qui ne tombent jamais d’accord.

Un conte fantastique aux accents modernes, d’une grande originalité, en lice pour le Prix Vendredi. Texte et illustrations crayonnées en noir et blanc en font un vrai bonheur de lecture à voix haute.

L’avis de Jean-François : 2 étoiles

Par où commencer?

Si on s'intéresse d'abord à l'histoire, je concède que les idées et les personnages marquent. Il y a le pouvoir sensationnel de Jakob et les situations incroyables qui en découlent, il y a les artistes de cirque qu'il côtoie qui sont chacun une véritable curiosité, il y a les choix ignobles que fait l'entourage de Jakob par amour pour lui, il y a des mystères et un brin de folie. De plus, la vie du garçon ressemble à une fable philosophique initiatique dans laquelle le protagoniste chemine à travers des idées antagonistes sur l'amour et la haine, le bien et le mal, le doute et la confiance, l’unité et la différence... Tout au fil des pages, le lecteur s'accroche aux lueurs d'espoir dans un monde noir (noir comme les belles illustrations de Tom Tirabosco!), injuste, sexiste et cruel.

Cependant, je n'ai pas su embarquer dans le roman, et je n'ai pas à chercher bien loin pour en comprendre les raisons. L'auteur, Fabrice Hadjadj, possède indéniablement une maitrise admirable de la langue française. Il en expose ici l'étendue, à chaque page. Bien que plusieurs peuvent apprécier le style, d'autres, comme moi, seront trop souvent distraits par celui-ci et finiront par s'en lasser royalement. Ce n'est pas que ses envolées lyriques soient ratées ou hors de propos, mais c'est que, si on apprécie moins leur genre, l'enrobage dans lequel se pare chaque idée devient lourd. Les phrases sont longues, les passages s'allongent, et notre concentration s'étiole. En voici un exemple parmi tant d'autres.

« Le temps s'est couvert, mais par endroit les nuages s'effilochent et forment des puits de lumière où vont s'abreuver les couleurs. Les cognassiers ont perdu leurs feuilles (leurs fruits sont depuis longtemps réduits dans des bocaux); mais que le soleil perce, et les branches s'éclairent, leur nudité noire se charge de promesse, et l'on se dit que même le bois mort pourrait refleurir un jour, ou que, jeté dans la cheminée, du moins, avant de tomber en cendres, il offrira ses plus belles fleurs de feu. »

Néanmoins, parmi ces longues prouesses artistiques, j'ai su attraper quelques forts passages qui ont résonné en moi. D’ailleurs, j’en profite pour préciser qu'il n'y a pas que la plume de Fabrice Hadjadj qui se démarque dans son roman, mais aussi sa sensibilité. Les questions humaines sont abordées avec intelligence, parfois délicatement, mais parfois drôlement crument!

En bref, L'Attrape-Malheur est un livre pour les amateurs de fantastiques, mais d'abord et surtout pour les amateurs de style qui ne craignent pas les longs passages très travaillés et recherchés.

Merci aux éditions La Joie de lire pour le roman!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 16 novembre 2020.

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L'attrape-malheur – Entre la meule et les couteaux
Fabrice Hadjadj
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