L'année de grâce

À 16 ans, les filles du comté doivent s’exiler pour aller se débarrasser de cette magique qui couve en elle, qui attire les hommes, qui peut faire des ravages. Isolées sur une ile, cernées par les braconniers qui revendront leurs organes pour acheter leur liberté si elles sortent de leur camp, elles doivent se débarrasser du mal. Mais quel est-il ? Et que se passe-t-il de l’autre côté des murs de bois ? Personne n’en parle jamais.

Tierney a seize ans. La petite fille frondeuse, éprise de liberté, doit maintenant suivre les rituels de son monde. Persuadée qu’aucun célibataire de la choisira pour femme, elle se prépare à devenir Travailleuse à son retour de l’année de grâce, sereine à l’idée de travailler dur, heureuse de ne pas devoir suivre les traces des ces épouses complètement asservies. Mais c’est sans compter sur son meilleur ami, qui lui fait l’affront de la fiancer, de l’obliger à tenir ce rôle d’épouse lors de la Cérémonie du voile. C’est déjà un choc, mais rien n’aurait pu la préparer à celui qu’elle vivra alors que débute son année de grâce…

Questionnant le sexisme, la société patriarcale, le rôle des traditions, la rivalité (et la solidarité) féminine, Kim Liggett signe un roman percutant qui allie réflexion et action. Pour les lecteurs intermédiaires et avancés.

L’avis de Sophie

« Quand le portail se referme sur leurs visages troublés, il est évident que ces hommes nous considèrent comme des créatures haïssables, à enfermer pour le bien de tous, y compris le nôtre, afin d'exorciser les démons tapis en nous. Pourtant, même dans ce lieu maudit où la peur, la colère et le ressentiment grandissent en moi, je ne me sens toujours pas magique. Je ne me sens toujours pas puissante. Je me sens abandonnée. »

Tomber dans un livre. Et perdre tout repère de temps. Voici ce qui m’arrive quand une histoire me fascine vraiment, comme ici. J’ai ensuite peur de donner mon avis, de crier au génie parce que j’ai l’impression que j’ai perdu tout esprit critique pendant ma lecture. Mais bon, pour celui-ci, je suis quand même assez sure de moi (malgré certaines ruptures dans le rythme à différents moments) étant donné que je ne suis vraiment pas la seule à avoir été emballée par cette histoire qui résonne particulièrement chez les lectrices. Ça a beau être une dystopie, nous entrainer dans un univers « loin » de notre réalité, plusieurs éléments font échos à ce qui se passe encore maintenant, ce qui pourrait arriver.

Je suis rarement d’accord avec les liens que les éditeurs font avec des classiques littéraires sur leur page couverture, mais cette fois, le lien avec La Servante écarlate est en effet évident, dans le climat, dans les règles, dans les relations hommes-femmes, dans la difficulté de la rébellion parce que les femmes se liguent aussi contre les femmes. Mais il y a Tierney. Tierney qui a reçu une éducation stricte, mais aussi un peu différente, lui permettant de développer des habiletés qui lui seront utiles durant l’année de grâce. Tierney qu’on voit évoluer tout au long des pages, qui se confronte au réel (notamment quand les autres commencent à « ressentir » leur magie) et qui apprend. Qui porte en elle la fleur rouge de la liberté.

Kim Liggett a su mélanger les styles avec doigté. C’est une dystopie, mais il y a aussi de la romance (oui, oui) et un suspens, une touche de fantastique et un peu d’horreur. Il y a aussi de la violence, oui, mais c’est généralement plus suggéré. Il y a aussi de l’amour. Et de la solidarité, inattendue. C’est donc, vous l’aurez compris, À LIRE !  

Merci aux éditions Casterman pour le service de presse !