Habitant une petite ville du Mali, Jomo n’est pas très bon au football, le sport le plus populaire, mais il se découvre une passion pour le basket lorsque celui qu’il appelle Face de fesse, un recruteur, vient installer un filet sur le terrain près de chez ses parents. Quand l’homme revient plus tard et se rend compte du talent de Jomo, il lui propose d’intégrer l’Académie de Lyon, en France, mise sur pied par le célèbre Tony Parker. L’adolescent de 17 ans quitte donc son pays, ses repères, pour la France et l’Académie de son idole, mais son arrivée ne se fait pas sans heurts. D’abord parce que s’il a pu éviter, tout comme son père avant lui, les « pattes de mouches » lorsqu’il était au Mali, elles sont partout, à Lyon. Et sans parvenir à décoder les lettres, sans savoir lire, tout est beaucoup plus difficile. C’est ainsi qu’il se retrouvera dans une classe de francisation et fera la connaissance d’une multitude de femmes de diverses origines, mais aussi de Rosa-Rose, la fille de la prof. Une adolescente insaisissable chez qui le suicide du père a laissé des cicatrices encore à vif…
Si la couverture montre surtout le basket, ABC est davantage un roman psychologique dont le cœur est l’histoire d’amour – tragique – qui unira Jomo et Rosa-Rose. Accessible, le livre parle aussi de francisation, de persévérance, de racines, celles qui nous appellent à la maison et celles qu’on se recrée ailleurs, et de basket, bien sûr.
Est-ce que j’ai eu l’impression de « me faire avoir » par ce livre ? Un peu. Parce que c’est surtout le basket qui m’a attirée vers cette lecture (merci Alexander Kwame d’avoir suscité cette passion chez moi) et que, si la première partie tourne essentiellement autour de la passion de Jomo pour ce sport et son arrivée à l’Académie, ses premiers matchs, son talent, on bifurque rapidement vers autre chose. La nécessité d’apprendre à lire, d’abord, quand Jomo découvre que ce qu’il appelle des « pattes de mouche » forme de multiples barrières entre ses rêves et lui et qu’il est mieux de les apprivoiser s’il veut pouvoir s’intégrer, ce qui l’amène à cette classe remplie de femmes et de vie, d’histoires personnelles qui enrichissent le propos. Puis, Rosa-Rose arrive et alors on bascule vraiment dans une histoire d’amour, mais plus du genre tragique que du genre rose bonbon. Le père de Rose s’est enlevé la vie et disons que l’adolescente fuit sa douleur avec des moyens plutôt dangereux, ce qui pourrait mal finir. Au passage, on vit quand même la découverte de l’amour au côté de Jomo (et celle de la poésie portugaise qu’on a ensuite envie de lire à notre tour.)
Donc oui, ce roman m’a surprise. Mais est-ce qu’il m’a déçue ? Non. Oui, j’espérais plus de basket, mais l’histoire racontée ici compense largement mes attentes. Antonio Da Silva offre en effet un récit qui fait réfléchir, portée par un personnage principal droit et fier malgré les embuches (et elles sont multiples) qui se dressent sur son chemin. Inspirant.
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