Adulte, Mila pense encore à ses neuf ans. À cette année marquée par l’absence de sommeil, alors qu’elle rêvait de draps blancs et qu’elle avait peur que le monde soit plus abimé à son réveil. Quand il y avait une longue file de gens qui partaient, mais que personne ne savait où ils allaient. Quand les nuages noirs n’étaient que les signes de la destruction. C’est passé, mais ça a laissé une empreinte…
Album d’une grande sensibilité paru à la Pastèque, À qui appartiennent les nuages ? est signé Mario Brassard et Gérard Dubois. Abordant le thème de la guerre, de l’exil, de la reconstruction et des traces qu’un tel drame laisse.
C’est un vrai coup de coeur que cet album atypique, au look un peu vieillot avec ses illustrations en noir et blanc et sa typo particulière. C’est un livre mystérieux aussi, parce que rien n’est nommé clairement. Au fil des mots de Mario Brassard et grâce aux illustrations sensibles, ponctuées de couleurs (magnifiques et toujours à point), de Gérard Dubois, on voit se dessiner la guerre. Jamais nommée, jamais située non plus. C’est un album qui interpelle l’universel parce que ce qui est raconté peut s’appliquer à différentes situations, différents lieux, différentes époques. Il y a cette impression d’enfance volée, l’incompréhension, la perte d’êtres chers, des repères géographiques, puis la reconstruction et ce questionnement qui reste, ici représentés par les nuages gris, porteurs de cendres, de fantômes. À qui appartiennent-ils ? De quels drames sont-ils composés ? Qui sont les enfants qui n’osent plus dormir ?
Vraiment, c’est un album qui me semble déjà être un incontournable pour les classes du troisième cycle du primaire, mais aussi du secondaire, que ce soit en français ou en histoire pour parler du ressenti lors des guerres. La narration est parsemée de petites perles, de phrases qui frappent l’imaginaire, et les illustrations sont parfaites. Un bijou !
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