Point zéro

 
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Jean-François Tremblay a adoré ce livre
Billet écrit par Jean-François Tremblay, enseignant.

Notez que le livre a aussi été publié en Europe par Milan sous le titre de Un jour de septembre.

Brandon a été suspendu de l’école pour s’être battu alors qu’il souhaitait rétablir la justice. Son père, mécontent de ses choix, doit l’emmener au restaurant où il travaille en cette belle journée du 11 septembre 2001, au 107e étage de la tour nord du World Trade Center à New York. Père et fils sont loin de se douter qu’un avion est à quelques minutes de détruire leur monde.

Reshmina vit en guerre depuis sa naissance dans un petit village de montagnes en Afghanistan. Quand des soldats américains et afghans viennent fouiller sa maison, elle est très impressionnée de rencontrer une Afghane – une femme! – travaillant comme interprète pour la coalition. Cet évènement lui insuffle l’espoir de vivre une vie plus libre; pour son frère jumeau Pasoon, cette fouille constitue plutôt un affront à la liberté des Afghans, confinés à vivre pauvres et soumis aux divers envahisseurs.

Quand Reshmina découvre un soldat américain gravement blessé qui appelle à l’aide, elle a rapidement pitié de lui. Mais le dilemme s’avère déchirant. Si elle lui porte secours, elle risque de provoquer la colère de son frère et de l’armée rebelle des talibans, exposant ainsi tout son village au danger. Sa culture lui enseigne autant le droit à la vengeance envers ceux qui détruisent son pays que l’honneur d’aider ceux qui en ont besoin. Que faire?

Point zéro est une fiction historique écrite par l’auteur états-unien Alan Gratz qui relate certains faits de l’attaque terroriste du 11 septembre 2001 et de la guerre d’Afghanistan au courant de l’année 2019. Les deux histoires alternent au fil des chapitres, et un dossier informatif d’une vingtaine de pages vient clore le livre. Celui-ci s’adresse à tous les lecteur.trice.s dès 11 ans.

L’avis de Jean-François

Est-il légitime d’utiliser la violence pour la justice? Cette délicate question est au cœur de ce roman. Alan Gratz fait cheminer ses lecteur.trice.s par des péripéties d’une grande intensité et complexité, en montrant les deux côtés de la médaille et en explorant les cultures de deux peuples en guerre. On tente d’y comprendre les motivations, la colère et les tourments des protagonistes. Il y a ceux qui se résignent, ceux qui gardent espoir, ceux qui se radicalisent… Prise dans une famille et un peuple en pleine dissension, Reshmina vit un dilemme cornélien aux conséquences dramatiques lorsqu’elle découvre l’Américain. Elle décide de l’aider, mais devra en payer l’injuste prix. Au final, si Gratz reste en nuance et n’apporte aucune réponse facile ou clichée – ce qui rend justice à la complexité de la guerre et de l’Histoire –, un constat s’impose néanmoins par la force des évènements narrés : la radicalisation violente et la vengeance sont toujours un échec.

Outre les épineuses réflexions que le livre suscite, Point zéro se démarque par son rythme. Suivre Brandon tenter de sortir d’une tour en feu sur le point de s’écrouler alors que les ascenseurs sont détruits et que les escaliers se sont transformés en entonnoir humain est extrêmement prenant et angoissant. L’auteur semble s’être savamment documenté sur les détails tragiques du 11 septembre et l’immersion qu’il nous propose est aussi bouleversante que captivante. Par ailleurs, le récit de Reshmina, plus complexe, mais émotionnellement puissant lui aussi, initie ses lecteur.trice.s à plusieurs problèmes sociohistoriques de l’Afghanistan tels que les guerres incessantes, l’instabilité politique entre démocratie et théocratie islamique, la pauvreté et la culture de drogues pour le commerce d’armes. Le tout est intégré brillamment à l’intrigue, sans lourdeur. Indéniablement, Point zéro attise la curiosité envers l’Afghanistan et le 11 septembre.

Comme pour le précédent livre de l’auteur traduit en français, Réfugiés, les fins de chapitres se caractérisent par un suspens qui tient en haleine. Bien que cela peut parfois agacer, le rythme plus enlevant de Point zéro et le fait que le roman ne soit divisé qu’en deux histoires rendent sa lecture plus agréable que Réfugiés. De plus, encore une fois, les deux récits se font constamment et étonnamment écho l’un l’autre. L’effet ainsi créé est surprenant.

Franchement, Point zéro est une réussite impressionnante sur tous les plans, de son début jusqu’à son inoubliable finale. J’espère qu’il vous captivera autant qu’il l’a fait pour moi!  

Merci à Scholastic pour le service de presse!

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Jean-François Tremblay le 16 décembre 2021.

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