Fille de poussière, Myri est aussi arpenteuse, elle peut entrer dans les rêves des autres et y interagir. Mais depuis que sa soeur est morte et qu’elle a fui le gang qui la retenait prisonnière dans les basfonds de la ville, elle s’est promis d’arrêter. Du moins jusqu’à ce qu’elle soit obligée de choisir entre tenir sa promesse ou sauver Miracle, un des membres de sa famille reconstituée. Son retour dans les rêves éveille toutefois l’attention d’un homme puissant qui reconnait en elle un talent unique qu’elle ne savait même pas posséder : la possibilité de ramener un objet du monde onirique. Commence ainsi une longue quête pour Myri, qui comprendra bientôt que pour aider les siens, il faut sauver le monde dans lequel ils vivent…
Avec ce récit de fantasy qui a toutes les qualités d’un one-shot même si l’univers pourrait mener à une suite, Estelle Faye parle de famille et d’entraide quand on fait face à un monde à la dérive, à la pollution, à la maltraitance, à l’utilisation des plus démunis, à l’élitisme. Pour un lectorat intermédiaire ou avancé.
C’est rare qu’un « tome unique » soit aussi riche tout en proposant une intrigue qui se tient sans faire de compromis et c’est vraiment ce qui m’a séduite dans cette histoire. C’est en effet un tour de force de créer autant de revirements, de personnages différents et de références à l’Histoire de l’univers inventé dans un récit assez court tout en conservant la fluidité dans l’écriture et la crédibilité de l’ensemble. Oui, certains passages sont rapides et certains dénouements plus faciles, mais ça reste cohérent et l’autrice arrive même à surprendre en ajoutant des couches à son intrigue, dévoilant entre autres dans le détour un puissant message écologique. On le devine au départ grâce à la terre qui pourrit dans la basse-ville, mais aussi dans les hautes sphères, et Myri réalise au fil des pages que ce qu’elle doit sauver d’abord, c’est la nature elle-même, la soustrayant à la cupidité des hommes et femmes.
Ce qui m’a aussi particulièrement plu, c’est la jeune femme elle-même, à la fois forte et fragile, toujours déterminée. C’est elle qui porte l’intrigue sur ses épaules et on s’y attache rapidement, notamment grâce au dévouement dont elle fait preuve pour les siens. Cette « famille reconstituée » est aussi une des forces du roman, avec ces humains nuancés qui ont chacun un rôle à jouer, mais il faut dire de façon générale d’Esther Faye est douée pour créer des personnages, qu’ils soient attachants ou pas du tout. De l’étrange Ruog à la Première Reine des songes en passant par Lélio et son aristocrate de mère, ils sont tous rapidement esquissés, mais tout de suite mémorables, si bien que malgré leur nombre, on ne se perd pas. Vraiment, c’est un chouette roman, merci à Lirado de l’avoir mis sur mon chemin !
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