Malgré sa désinvolture pour paraitre cool et tenter de se faire aimer, il souffre. D’un côté, il y a son perfectionnisme; on s’attend à ce qu’il réussisse avec brio tout ce qu’il touche. Ça devient lourd. De l’autre côté, il y a cette apparence physique qu’il n’accepte pas. Comment aimer ce corps trop petit, trop gros? C’est ainsi qu’il commence à se faire vomir. À manquer l’école. À mentir... Difficile, alors, de garder l’équilibre entre une apparence si soignée et des émotions si violentes.
La balance du vide est un court récit poétique qui aborde les souffrances auxquelles peuvent mener les troubles alimentaires (et, dans une moindre mesure, l’anxiété de performance), particulièrement chez les adolescent.e.s. Pour tous.tes.
« J’ouvre les deux portes de ma garde-robe.
J’y admire le contenu très équilibré. »
En dépit du ton optimiste de la première page, le rapport malsain du narrateur à la nourriture s’immisce déjà. On comprend rapidement que c’en est obsessif, maladif. Dans La balance du vide, Julien Leclerc illustre comment les troubles alimentaires empoisonnent la vie du protagoniste. Sa santé mentale, sa scolarité, sa vie sociale et sa vie familiale sont vivement malmenées.
Le narrateur, fidèle à lui-même, tente de se prendre en main seul et de réussir à surmonter les obstacles grâce à sa volonté et son intelligence. Il calcule les calories, se fait vomir, choisit ses vêtements avec soin et triche même avec les dixièmes de kilogrammes de sa balance. Illusion de contrôle face à son trouble? Quoi qu’il en soit, la détresse, elle, s’amplifie.
C’est une oeuvre dure et axée sur la psychologie qu’offre ici Julien Leclerc, à l’instar des autres livres que j’ai lus de la collection Unik. On y trouve plusieurs images efficaces pour dépeindre les états d’âme de l’adolescent ainsi que quelques forts passages, comme lorsqu’il cherche de l’aide, mais ne sait vers qui se tourner. Cette lecture nous sensibilise au fait qu’il faut rester vigilant avec notre entourage qui va moins bien. Aller chercher de l’aide est important, mais ça peut être très difficile.
Toutefois, si la boucle infernale des pensées du narrateur est surement réaliste, je l’ai trouvée un peu redondante au fil des pages. L’auteur développe moins son récit que ses images et ses jeux de mots. Ça fonctionne, oui, mais j’avais hâte de voir les choses bouger en avançant dans le livre pour redonner du rythme à la lecture. Il aura pour cela fallu attendre la finale, qui vient défaire un nœud important. Bien que la chute m’ait semblé un peu facile, l’auteur parvient à offrir des solutions et à insuffler de l’espoir, ce qui conclut sur une note agréable.
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