Tout commence quand les amis de son frère le coincent dans un plan foireux de vol de bonbons. Pour éviter que le vigile ne l’arrête, Gauthier lance une prière qui lui parait inoffensive : « Je suis prêt à tout. » C’est ainsi qu’un contrat à son nom est signé aux Abysses. Et, s’il arrive miraculeusement à prendre la fuite dans un autobus, l’adolescent se réveille bientôt dans une mine, loin de tout et à la merci des Lorkistes.
Pour espérer sortir, Gauthier doit travailler une année entière sous la supervision de ces créatures hautes de trois mètres qui n’hésitent pas à employer la force pour contraindre leurs prisonniers et à allonger leur peine. S’en sortir devient un mirage de plus en plus inaccessible jusqu’à ce qu’il entende parler d’une possible rébellion.
Grande autrice jeunesse de l’imaginaire, Annie Bacon propose avec La mine le premier tome d’une trilogie qui se déroule dans un univers sombre où les personnages doivent s’entraider pour améliorer leur sort. Bien que complexifié par le nombre de personnages, le récit est facile à comprendre et agrémenté d’illustrations. Pour un lectorat débutant.
Il est rare qu’Annie Bacon s’aventure dans la littérature vraiment « pour adolescents ». Si elle m’a complètement ravie avec les Chroniques postapocalyptiques (en particulier avec le dernier tome), elle s’adresse plus souvent aux plus jeunes, et c’est encore le cas ici alors que les Abysses visent davantage un public de fin de primaire que de secondaire. Ça se ressent dans les illustrations et leur style (pas sure de la représentation de certains personnages), dans le niveau de violence aussi, alors que même si c’est intense et qu’on devine certaines horreurs, le plus dur n’est pas explicite.
Le début, réaliste, est particulièrement accrocheur avec ce vol qui tourne mal et la panique de Gauthier… qui ouvre la voie aux Abysses. Un peu terrifiant, quand même, cette idée ! Mais le basculement fonctionne bien, la structure est efficace et on oublie peu à peu la surface pour plonger dans le quotidien des prisonniers. On peut d’ailleurs faire de nombreux parallèles avec le travail dans certaines usines du tiers-monde quand on voit comment les Lorkistes gèrent les travailleur.ses et mettent en place des règles qui asservissent et anéantissent toute possibilité de rébellion… du moins le croient-ils.
Bien sûr, qui dit « roman jeunesse » dit espoir, et Annie Bacon entraine peu à peu ses personnages dans une nouvelle direction alors qu’ils doivent miser sur l’entraide et la créativité pour trouver une sortie possible. C’est parfois un peu lent, mais chaque scène a son importance pour nous mener à la finale… qui ouvre la porte à la suite !
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