Qu’est-ce que le plaisir de lire ? Quels sont les discours (contraires) qui sous-tendent notre approche de la lecture ? Comment notre vision changeante de la sexualité (oui, oui) pourrait bien influencer notre façon d’analyser notre plaisir de lire ? Existe-t-il « un bon plaisir » ? Qu’est-ce que notre ressenti dit de nous, du monde dans lequel nous vivons ? En quoi nos choix sont-ils politiques ?
Publié dans la collection Alt, ce bref essai de Clémentine Beauvais interroge, questionne, propose, guide, claque. Attention, les concepts et la langue en font un objet un peu plus complexe que d’autres livres de la collection.
Oh que le travail de critique ressemble ici à un drôle d’exercice d’équilibriste. Un équilibriste un peu masochiste, par ailleurs, puisque je suis ressortie de cette lecture en ayant l’impression de ne pas savoir comment parler des livres. Ou du moins, de ne pas me questionner assez sur leur contenu et sur les impressions qu’ils créent chez moi, de ne pas analyser assez mes plaisirs et de rester généralement sur des phrases bateaux, quand je vous parle de ces romans qui m’ont empêchée de dormir ou encore de ceux que j’ai dévorés… sans arriver à expliquer pourquoi. Comment.
Il fallait s’y attendre. Si Clémentine Beauvais excelle dans la fiction, elle est aussi professeure et chercheuse en littérature jeunesse si bien que les plaisirs qu’elle procure ou interroge ont toujours été pensés, analysés, passés à sa loupe bien particulière, kaléidoscope de sa longue expérience. On peut donc se sentir un peu dépassés si on n’a pas ce genre de connaissances, ne serait-ce que par le ton très didactique de cet essai, en comparaison de d’autres publiés dans la même collection. Et pourtant, je dirais que cet essai m’a apporté beaucoup de plaisir et que, si je devais analyser ce dernier grâce à l’éventail de ceux qu’elle nous présente, je dirais que j’ai été titillée intellectuellement. Que j’ai eu l’impression d’être toute petite, mais aussi d’accéder à un monde plus vaste, terrain de jeu en devenir.
Cette lecture, aussi courte soit-elle, a déjà commencé à modifier ma vision des choses, notamment mon rapport à ces critiques, ici. Bref, que c’est un texte enthousiasmant même si déstabilisant, le type d’essai auquel je reviendrai peu importe si je n’ai pas tout aimé (mais les parenthèses, oui, oh oui, absolument toutes) et que j’ai parfois été bousculée !
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