« Si on soustrait un appartement dans l’équation de notre vie et que celui-ci n’est pas remplacé, il reste juste rien comme résultat. »
Quand leur propriétaire leur annonce qu’il reprend leur loyer, William a de l’espoir. Ils ont six mois pour trouver un nouveau nid, non ? Sa mère, elle, sait bien qu’avec deux enfants, un chien et un salaire d’employée de dépanneur (deux si on compte le temps partiel de William), se relocaliser ne sera pas évident. Et elle a beau désirer garder ses problèmes d’adulte pour elle, ceux-ci ont rapidement un impact sur toute la famille et viennent bouleverser en profondeur le quotidien de William qui voudrait juste, parfois, comme ses amis, pouvoir accéder à un peu de légèreté.
Au bord de l’errance est une petite plaquette qui aborde de front la problématique de la crise du logement qui sévit actuellement à travers les regards, en alternance, de William et sa mère. Pour un lectorat intermédiaire.
Vous cherchez un livre ancré dans l’actualité ? Une fiction qui permet d’expliquer facilement ce qu’est la crise du logement, à Montréal et ailleurs ? Qui nous fait vivre la précarité de l’intérieur ? Qui montre que c’est difficile, mais qu’il existe des solutions, même si elles ne sont pas toujours rapides et évidentes ? Voici le roman parfait pour vous !
« C’est fou comme les rêves, ça peut rapetisser. »
Au fil des pages, on suit en effet les démarches très réalistes de la mère de William pour relocaliser sa famille et les nombreux écueils sur son chemin, On voit le stress monter et les services pas toujours aussi rapides qu’on le souhaiterait, tout comme les impacts bien réels que ça a sur William et son quotidien. La tension causée par le manque d’argent et l’incertitude, d’abord, puis la relocalisation forcée et tout ce que ça implique.
Pour être tout à fait honnête, je me suis interrogée sur le choix de donner la parole à la mère de William si souvent dans le récit, ce qui est rare en littérature pour ado. Côté positif, on se décentre de l’ado et le point de vue adulte permet de comprendre la réalité la mère de l’intérieur, de développer l’empathie du lectorat à son égard : oui, elle ne fait pas toujours la bonne chose, mais c’est parfois qu’elle est aussi démunie que son fils. Mon bémol vient toutefois du fait que, pour que le personnage de la mère soit vraiment crédible et attachante, Valérie Fontaine lui a aussi créé une vie personnelle qui rejoindra peut-être moins le public cible. J’ai donc douté une partie du récit, mais je me suis rendu compte que certains points auraient été difficiles à aborder sans cette approche double, notamment ce qui touche aux démarches à faire, qui se déroule à un autre niveau que celui de William et qui fait en sorte que l’on comprend mieux les mécanismes de la crise.
Bref, hyper ancré dans l’actualité, Au bord de l’errance est un récit atypique qui se situe dans la lignée de Rap pour violoncelle seul. Il offre de l’espoir, oui, mais fait réaliser que plusieurs personnes doivent se débattre longtemps et faire preuve d’imagination pour trouver des solutions dans le monde qui est le nôtre.
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