Blue et les grands jours maudits

Billet rédigé par Laura Richard, enseignante passionnée de littérature jeunesse 

Blue est une orpheline à l’imagination débordante et dotée d’un don exceptionnel : elle peut insuffler vie à ses mots et à ses dessins. Avec Zian, un garçon rencontré à l’orphelinat qu’elle considère comme son frère de cœur, ils traversent les époques pour protéger l’art et la liberté de créer des forces oppressives qui craignent le pouvoir de l’imagination.

Le récit débute par une note d’espoir pour Blue et Zian qui sont adoptés par une famille et quittent enfin le triste orphelinat dans lequel ils vivent. Cependant, cet espoir s’effondre rapidement. Les parents adoptifs s’intéressent au don de Blue et se débarrassent de Zian, prétendant qu’il s’est enfui. Blue, sensible et perspicace, devine l’étrangeté de cette histoire. C’est alors qu’elle trouve un allié inattendu en Fritzy, un grand chat jaune énigmatique. Celui-ci devient à la fois un protecteur et un guide à travers les époques et les univers artistiques dans lesquels l’autrice nous fera voyager.

Blue et les grands jours maudits est un roman fantastique et poétique écrit par Nancy Guilbert, qui explore la place de l’art dans la société. Ce récit, marqué par de nombreux rebondissements, s’adresse à des lecteurs plus âgés qui pourront davantage apprécier les références culturelles qui parsèment cette oeuvre qui explore la trahison et les dangers de placer sa confiance en des personnes mal intentionnées.

L’avis de Laura

Dès que j’ai vu la magnifique couverture et lu le résumé de Blue et les grands jours maudits de Nancy Guilbert, j’ai été intriguée, attirée. Passionnée par l’Histoire, je me suis plongée dans ce roman prometteur par la richesse de son univers.

Selon moi, une des forces du roman réside dans la construction des personnages principaux : Blue et Zion, développés avec finesse. Leur intensité et leur sensibilité les rendent touchants et attachants. En revanche, les personnages secondaires sont nombreux à traverser l’histoire sans que l’on comprenne toujours leur rôle dans le récit. J’ai trouvé qu’ils manquaient de profondeur et j’ai parfois eu l’impression qu’il me manquait des morceaux de leur histoire pour mieux les apprivoiser.

Aussi, j’ai particulièrement apprécié le passage d’une époque à l’autre et la manière dont le personnage principal, Blue, crée à partir de son imagination. Cela ouvre la porte à des possibilités infinies ! À travers ces époques, le fait d’intégrer des références aux arts et à la littérature transforme la lecture en une expérience culturelle qui traverse le temps. En effet, le cadre du roman, qui prend place dans l’Antiquité, les Temps modernes, le Moyen Âge ainsi que dans des mondes imaginaires, offre une dimension intemporelle originale au récit qui fait coexister le passé, le présent et le futur.

Toutefois, malgré ces attraits intéressants, j’ai rencontré une résistance au fil de ma lecture. En effet, l’autrice fait le choix d’utiliser un langage soutenu qui se mêle à des mots inventés, dont les définitions apparaissent en bas de page. Si cette inventivité apporte une certaine originalité, elle rend aussi la lecture exigeante (trop par moments?). Les allers-retours entre le texte et les notes de bas de page interrompent régulièrement le rythme de lecture et empêchent l’immersion du lecteur dans le récit. Un peu comme si mon attention était divisée entre comprendre ce que je lis et savourer ma lecture. De plus, le récit, séparé en cinq grandes parties, donne l’impression de lire des morceaux d’histoire. De ce fait, comme lecteur, nous sommes rapidement propulsés d’un univers à un autre avec un nouveau contexte et de nouveaux personnages à cerner. J’aurais apprécié m’installer davantage dans chacun des univers de manière à moins me sentir bousculée dans ma lecture.

Bref, il s’agit d’une lecture qui demande de prendre son temps pour être savourée et qui offre un voyage singulier à travers les époques, les arts et la littérature.