Pirates carbone

Ce n’est pas vraiment de sa faute non ? À tout juste 18 ans, Liam a très mal géré ses crédits de carbone (merci à son agoraphobie et ses quelques moments de folie) et il se retrouve en panique à en quêter à son oncle s’il ne veut pas s’endetter terriblement. Celui-ci ne peut pas l’aider, mais l’homme a une idée qui pourrait tout changer pour son neveu. Seulement, une fois que Liam se met le doigt dans l’engrenage et goute à la liberté offerte par les crédits illimités ainsi qu’aux émotions fortes suscitées par l’interdit, il est difficile d’arrêter… peut-on devenir dépendant à l’adrénaline ?

Roman d’anticipation situé dans un Québec ayant misé sur ses citoyen·nes pour diminuer ses GES, Pirates carbones propose une intrigue ponctuée d’actions. Mis en page de façon aérée et constitué de chapitres brefs, le récit pour convenir à tous et toutes et pourrait intéressant un public plus réfractaire habituellement.

L’avis de Sophie

La prémisse est intéressante ici et l’écriture de Mathieu Muir, engagée quand il s’adresse aux ados, s’épanouit bien dans l’action. Pour Pirates carbones, il a créé un futur intrigant, crédible et toujours aussi injuste, étant donné que les plus riches peuvent s’acheter à loisir des équipements qui ne produisent pas de gaz à effet de serre… et que la classe moyenne et les plus pauvres doivent se priver de tout, encore une fois. C’est sûr que ça donne envie de se rebeller…

Je dois toutefois dire que je suis un peu restée sur ma faim. En vérité, le roman est vraiment court, composé de brefs chapitres dont les pages sont aérées. C’est d’ailleurs le genre de livre qui ne fera pas peur à des lecteurs plus récalcitrants et, bonus, comme l’intrigue pourrait tout à fait viser un public assez âgé, c’est un « hi/lo » intéressant. Sauf que cette forme fait en sorte que l’auteur doit aller vite et que, du coup, on y perd en profondeur, en exploration réelle des émotions et des scènes importantes. J’ai aimé la création de l’univers et ses petits trésors (comme le bar à arômes !), mais j’aurais pris un peu plus de vie quotidienne pour donner du coffre au personnage principal et quelques étapes de plus dans le déroulement des plans. Par ailleurs, le choix de rester crédible à tout prix limite les scènes d’action (pas ici de scénarios à la James Bond ou Top gun). En fait, c’est ce à quoi je sais que je devrai porter attention dans ma médiation : pour que ce roman trouve son « bon » public, je devrai mettre l’emphase non pas sur les vols de données, mais sur la psychologie du personnage et sa façon de prendre gout à l’illégalité grâce aux avantages que ça lui procure et à la montée d’adrénaline de ses missions d’infiltration. Jusqu’à ce qu’il ne voie plus venir les pièges…

La bonne nouvelle ? Les éditions La Bagnole annonce avec ce titre la création d’une nouvelle collection de récits dystopiques à destination d’un public ado et ça, on aime !  

Merci à La Bagnole pour le service de presse !