Depuis la mort de sa mère, Marjorie doit s’occuper de la laverie familiale. Seulement, à treize ans, ça fait beaucoup pour l’adolescente qui doit aussi gérer la maison et son petit frère vu la dépression de son père, les clients et leurs caprices ainsi que les envies d’appropriation d’un propriétaire envahissant. Et quand Wendell, nouveau fantôme, décide de s’en mêler, Marjorie pense bien qu’elle va tout perdre. Mais peut-être que la présence de ce garçon qui cherche sa place est exactement ce dont elle avait besoin…
Récit psychologique jouant avec le fantastique, ce premier tome d’une série de trois propose une intrigue complète en elle-même qui parle de deuil, de résilience et de famille. Pour un lectorat intermédiaire.
« J’aurais bien du mal à énumérer, dans l’ordre, toutes les choses que je déteste. Mais je suis certaine que la lessive et les fantômes arriveraient en premier sur ma liste, ex aequo. »
Alerte coup de cœur pour cette bande dessinée qui ne me faisait pas tant envie au départ à cause du style de ses illustrations. J’écris d’ailleurs cette chronique en étant toujours un peu perturbée par les nez, entre autres, mais aussi ravie par la poésie des décors et par cette histoire qui s’est révélée captivante.
Bien qu’on touche le paranormal avec le concept des fantômes (présentés avec un angle assez original), on est surtout ici dans un récit social, psychologique, où deux personnages tentent de trouver leur place dans un monde qui ne s’arrête pas de tourner pour eux malgré leur drame personnel. On suit d’abord une adolescente qui veut sauver les meubles de sa vie même si les adultes qui l’entourent font des pieds et des mains pour lui mettre des bâtons dans les roues, que ce soit volontaire ou pas. Au fil des pages, il y a des scènes poignantes où on sent le désespoir monter, mais l’autrice ne tombe pas dans la lourdeur et multiplie les détails qui allègent l’ensemble et font même sourire. L’arrivée de Wendell, même si le garçon ajoute initialement au chaos, apporte par ailleurs un certain équilibre et cette deuxième histoire qui se greffe à la première accentue les thématiques abordées, notamment celle de l’invisibilité, qu’on peut voir ici au sens propre et au sens figuré. On s’attache aux personnages, on admire leur résilience, on envie aussi cette façon qu’ils ont de s’être trouvé·es, quelque part, à travers leur quête personnelle.
Le petit plus ? Après avoir terminé la bande dessinée, retournez lire le début. Tout est une boucle, tout est parfaitement placé. Du grand art ! Vivement la suite !
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