Tout commence quand le nouveau prof d’arts, bousculé lors de la première période, essaie de faire de la pédagogie différente. Innovante. Engageante. Réaliser un court film qui suscitera la peur en s’inspirant de « Lost Highway », long-métrage de David Lynch. Mais en fait, tout avait commencé bien avant. Dans le lien tordu qui est apparu dès l’enfance entre Jean-Denis et Elina, dans cette école où la direction préfère balayer les problèmes sous le tapis plutôt que de reconnaitre qu’il y en a, dans la violence qui couve déjà. Le projet d’arts, c’est un prétexte. Mais ça va solidement déraper…
Roman réaliste et brutal parlant de harcèlement scolaire, de réseaux sociaux, d’amitiés tordues et de quête de vérité, Réel vise un public intermédiaire et averti.
C’est rare que je me sente mal en terminant un livre. Presque physiquement mal. J’ai terminé parce que je voulais savoir, parce que je devais savoir, quelque part, le dénouement malsain de cette histoire terrible, mais à partir du milieu, je n’étais plus bien. Sébastien Gendreau rend très (trop ?) bien la dynamique des classes qui dérapent, des profs qui s’y prennent mal, des directions en déroute, des adolescent·es qui s’enivrent du pouvoir qu’ils obtiennent et cherchent à conserver. Par tous les moyens. Dans ce roman, il y a aussi la misogynie, la violence qu’on ne sait pas par où sortir, le voyeurisme. C’est dérangeant à plein de niveaux, bref, je vous avertis. Après, est-ce que c’est bien fait ? Oui, bien sûr, mon malaise en est la preuve.
La prolepse du début qui nous donne un aperçu de la scène finale effectue à merveille son travail de fil rouge tout au long du récit en nous gardant sur le bout de notre chaise, même lors des longueurs du départ. Mais c’est très « français », tant dans la dynamique scolaire que dans le ton (donc les lecteur·rices d’ailleurs se sentiront peut-être un peu décalé·es) et ça ne vient pas avec des réponses, des pistes, de l’espoir, il faut le savoir. C’est juste… perturbant. Actuel, je ne peux pas le nier, mais les curseurs sont poussés, les personnalités atypiques pullulent et ça fait froid dans le dos, entre autres parce que ce n’est pas plus creusé. Bref, c’est une lecture à vos risques et périls.
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