Petites douceurs

C’est une mauvaise journée. Encore. Des notes pas à la hauteur de ses attentes, des détails qui retroussent, le corps qui ne coopère pas, du sang qui coule. Et se faire mal ne suffit plus à reprendre le contrôle. Il faut chercher autre chose, trouver une autre technique. Et si la solution était d’être plus douce envers soi-même ?

Abordant l’ébullition de l’adolescence et la difficulté à faire preuve de compassion avec soi, Véronique Grenier parle aussi de solitude et d’automutilation dans ce recueil traversé par des éclats de lumière. Pour un lectorat intermédiaire.

L’avis de Sophie

« pourquoi est-ce si facile
d’être un monstre
avec soi-même ? »

En toute transparence, j’ai réalisé la fiche pédagogique de ce recueil de poésie, ce qui fait que je l’ai lu à de nombreuses reprises. Parfois, cela fait en sorte que je me détache des textes. Dans ce cas-ci, j’en suis juste tombée de plus en plus amoureuse parce que chaque lecture était l’occasion de découvrir une couche de sens, de me laisser émerveiller par de nouvelles images, de m’attacher encore davantage à cette narratrice atypique qui souffre sans oser en parler. Cette héroïne, c’est la « fille-d’à-côté », l’ado dans la moyenne qui ne vit pas de « grande » douleur, qui n’a pas de difficulté particulière, mais qui n’est pas bien avec elle, avec les autres, qui se met des objectifs ardus à atteindre, qui voudrait pouvoir tout contrôler et qui pâtit de ne pas y arriver. C’est cette fille qui n’ose pas parler de ce qu’elle vit aux autres et « se gère » avec les moyens du bord, mais peut-être pas les bons (TW : Véronique Grenier parle avec beaucoup d’empathie d’automutilation).

« j’aimerais qu’on ait droit
à des jours de prendre soin
un genre de congé
pour se flatter le cœur »

Heureusement, cette goutte (de sang) qui fait déborder le vase donne aussi l’impulsion à un lâcher-prise et la finale, plus lumineuse, pourrait d’ailleurs aider celles et ceux qui se reconnaitront. Bref, Petites douceurs, c’est une petite douceur à s’offrir, justement. Un recueil qui sèmera sans doute en vous l’envie d’être plus bienveillant·es avec vous-mêmes.  

Merci à la courte échelle pour le service de presse !