Le barrage

Billet rédigé par Laura Richard, enseignante passionnée de littérature jeunesse  

Dans une vallée du Northumberland destinée à disparaitre sous les eaux en raison de la construction d’un barrage, un père et sa fille, Kathryn, rendent un dernier hommage aux lieux et aux souvenirs à travers la musique. En parcourant les maisons abandonnées, ils inondent les lieux de leurs mélodies, transformant ainsi la tristesse en une douce mélancolie.

Cet album s’adresse à un large lectorat à travers la beauté de son récit et l’émotion contenue dans ses illustrations. Pour les plus jeunes, il offre une première porte d’entrée vers des réflexions sur la perte et la mémoire collective. Pour les lecteurs plus expérimentés, il devient une œuvre qui évoque avec délicatesse les bouleversements parsemant l’existence humaine.

L’avis de Laura

C’est à travers l’ambiance de cet album que je me suis laissé porter dès les premières pages. En effet, les illustrations saisissantes de Levi Pinfold m’ont immédiatement frappée par leur beauté et m’ont plongée dans un univers empreint de nostalgie. Les teintes sépia semblent évoquer le poids du passé, un peu comme si chaque illustration était habitée par des souvenirs et par des présences invisibles qui nous retiennent un instant, juste avant que tout bascule et change à jamais. Puis, peu à peu, des touches de bleu apparaissent avec délicatesse, éveillant un sentiment de renouveau. Cette transformation au sein des couleurs accompagne un changement narratif qui fait place à la beauté, à la lumière et à la célébration d’une nouvelle époque.

Mes choix littéraires m’ont appris que je suis une lectrice sensible aux illustrations. J’aime celles qui sont grandioses, qui coupent le souffle, qui nous obligent à ralentir et à contempler. C’est exactement ce que j’ai ressenti ici. Plusieurs doubles pages m’ont donné envie de m’arrêter, comme si elles exigeaient qu’on prenne le temps de les ressentir.

Aussi, le texte et les images forment une belle dualité. Tandis que ces dernières sont puissantes, le premier reste simple, mais percutant. Les phrases courtes, les répétitions et même les silences créent un rythme qui m’a donné l’impression d’être au cœur d’une chanson. Cela contribue d’ailleurs au rôle essentiel de la musique dans l’album en tant que lien de transmission entre les générations et comme mémoire vivante partagée entre un père, sa fille et toute une communauté.

Le barrage est pour moi un album à la fois puissant et délicat qui me rappelle que, même quand tout semble disparaitre, il est possible de faire vivre ce qui a été, de le célébrer et d’en préserver la mémoire tout en faisant place à l’avenir.