Qui es-tu papa?

Le père de Sami, directeur de recherche dans un laboratoire de biologie, a fui l’Iran il y a des années. L’adolescent a donc grandi en Amérique, tout en conservant la foi et les traditions musulmanes, mais il est de plus en plus déchiré entre sa culture et celle de ses amis et sa relation avec son père en pâtit. Ainsi, quand le Dr Sabiri propose à son fils un week-end entre gars à Toronto à l’occasion d’un congrès, l’adolescent est emballé… mais son plaisir est de courte durée.

Son paternel annule en effet le voyage pour des motifs un peu douteux et Sami le soupçonne aussitôt d’avoir une maitresse. Le père de son ami Andy en a bien une, alors pourquoi pas le sien? Une visite rapide dans l’ordinateur paternel confirme ses doutes : ce dernier lui a menti. Sami n’a cependant pas le temps de le confronter parce que, sitôt celui-ci revenu du Canada, le FBI fait irruption dans la maison familiale, fouille chacune des pièces et repart avec le Dr Sabiri. Dès lors, l’univers de Sami bascule. Accusé de fournir du matériel à un groupe terroriste qui préparait un attentat de grande envergure, son père est mis en prison et leur maison est assiégée par les journalistes. L’adolescent ne peut pas concevoir que son père a fait une telle chose, mais après tout il a bien menti sur son horaire et l’idée d’une maitresse va à l’encontre de tous ses principes… Convaincu que lui seul peut faire la lumière sur la situation, Sami mènera l’enquête.
 
Roman réaliste qui a comme paysage des États-Unis réfractaires aux étrangers après le drame du 11 septembre, Qui es-tu papa? aborde les thèmes de l’intégration, des préjugés et du terrorisme, mais aussi de l’amitié, des croyances et de l’intimidation. Si le récit se concentre d’abord sur le quotidien de Sami, la deuxième partie prend la forme d’un thriller où les découvertes se succèdent à une vitesse folle. Il est à noter qu’il y a plusieurs niveaux de lecture et que, si les lecteurs plus jeunes peuvent accrocher à l’histoire, les plus vieux seront séduits par sa profondeur.

Mon avis
 
Wow, c’est une très chouette histoire et une écriture qui m’a emballée. À lire la quatrième de couverture, je m’attendais à voir le FBI débarquer dès les premiers chapitres, mais ce n’est pas le cas, il y a un souci d’installer le décor, de semer le doute dans l’esprit de Sami, d’expliquer son mode de vie et de présenter ses racines, ce qui l’a amené là, au moment où sa réalité bascule. Et c’est ce qui fait de ce roman une œuvre nourrissante, parce qu’en parallèle à l’histoire familiale, il y a la vie de Sami (Sammy pour ses amis) aux États-Unis et sa marginalisation à l’école. J’ai d’ailleurs eu énormément de difficulté à résumer l’histoire en quelques phrases tellement tout me semble important.

L’écriture, quant à elle, est habile et traite de thèmes forts avec une pléiade de personnages qui, adolescents ou adultes, enrichissent le récit. Je pense entre autres au professeur d’histoire qui est Juif et homosexuel et subit de la discrimination de la part même de la direction du Collège où va Sami. Il est important dans le traitement du thème de l’intimidation, mais aussi dans celui de l’impact des réseaux sociaux, tellement présents dans notre monde d’aujourd’hui. En outre, Allan Straton permet à Sami de se parler parfois à lui-même, sous la forme d’un vrai dialogue. On a donc vraiment l’impression d’être dans sa tête. Et c’est super réaliste comme conversation, cette façon qu’on a souvent de tenter de se convaincre soi-même… Du coup, on y croit à ce personnage et on s’attache d’autant plus à son histoire.

En bref? Un coup de cœur, tant pour l’histoire que pour l’écriture. À dévorer sans modération!

Nicholas parle d'ailleurs ici de sa rencontre avec le livre et discute avec l'auteur dans ce petit vidéo! 



Merci aux éditions Bayard Canada pour ce magnifique roman!