Apprendre à compter

Louis a 18 ans. Il aime :

1) Regarder les filles.

2) Compter.

3) S'imaginer avec des filles.

Un été, il déniche un emploi comme compteur, dans une entreprise où il y a de jolies filles. Tout un été durant, il comptera donc de la marchandise... en compagnie de Karine et Laurie. Difficile de se concentrer et de garder les deux pieds sur Terre lorsqu'on travaille avec deux jolies jeunes filles comme elles! Voyons où pourra l'amener son imagination...

Avec beaucoup d'humour, Apprendre à compter raconte la première expérience de travail de Louis. Plusieurs fois par chapitre, l'imagination de Louis lui fait élaborer divers scénarios dans lesquels il devient un tombeur, un rebelle ou encore un héros. C'est cette petite touche de folie qui permet au récit de se démarquer. Au fil de celui-ci, l'auteur y aborde le thème de l'amour qu'il porte à deux de ses collègues et celui de l'amitié qui l'unit au reste de son équipe de travail. La non-linéarité due aux fréquentes digressions du personnage peut rendre la lecture plus ardue pour les lecteurs moins expérimentés.

Mon avis

« Je balaie les documents du revers de la main et crie :

- Noooooon!

Je me lève brusquement en faisant tomber ma chaise, puis je cours vers la fenêtre et m'y jette tête première. Dehors, j'atterris sur mes pieds et je me mets à courir parce que je suis libre, enfin libre!

Bon, quand je dis que j'ai crié et que j'ai sauté par la fenêtre, j'exagère peut-être un petit peu. En vérité, j'ai remercié poliment et je suis sorti tranquillement par la porte. »

J'ai eu un véritable coup de coeur pour le personnage de Louis. Le héros n'a aucun filtre, tant dans ses paroles que dans ses réflexions. La nature de ces dernières ne diffère pas de celles qu'on peut lire dans un autre roman pour la jeunesse : il a bien droit de trouver que son ami Hubert est un peu simplet! C'est plutôt sa façon de les exprimer qui le rend unique : « Je commence à être injuste avec Hubert. Après tout, je l'aime bien. Il faudrait que j'arrête de l'insulter, au cas où il serait capable de lire dans mes pensées. »

Ses pensées nous amènent d’ailleurs parfois dans des recoins inexplorés de la littérature jeunesse (on sait maintenant que lorsqu'un garçon laisse une fille passer par la porte en premier, c'est dans la seule et unique optique de pouvoir lui regarder les fesses).  Car après tout, quelle idée a-t-on eue que de permettre à un jeune homme de travailler entouré de filles? Tout le monde sait qu'ils ne pensent qu'à ça! Eh oui, Louis ne se gêne pas pour dire qu'il ne peut détacher ses yeux de la poitrine de la belle Laurie, le tout sans aucune vulgarité.

(Digression personnelle, inspirée d’Apprendre à compter : À ce moment, je me retourne en direction du jeune couple qui roucoule dans la bibliothèque municipale. De toutes mes forces, je lance un épais dictionnaire dans leur direction, écrabouillant le nez du Roméo, lequel se transforme rapidement en robinet qui fuit. Du moins, c'est ce que je fais dans ma tête. Dans la vraie vie, je me contente de rouler les yeux et d'aller m'asseoir plus loin pour terminer la rédaction de mon billet pour Sophielit.)

Coup de cœur aussi pour la présentation du roman : puisque le travail de Louis consiste à lire des codes-barre avec sa machine, chaque chapitre est précédé d'un code-barre : chacun d'eux correspond en fait au numéro ISBN d'un roman chez Soulières Éditeur. J'ai également beaucoup aimé la note de l'auteur à la fin du roman, qui se lit comme suit : « Si bémol »

Bref, un roman différent qu'on ne peut résumer à un ami. « Ah, il fallait être là pour trouver ça drôle! »

Merci à Soulières éditeur pour le roman!