Lorsque leur grand-mère meurt, Gladys et Vova sont placés dans un orphelinat lugubre de leur Caucase natal. Entre ces quatre murs, les deux jumeaux grandiront en développant des caractères diamétralement opposés, grâce et discrétion pour Gladys, intransigeance et provocation, pour Vova, tout en conservant le lien si fort qui les unit.
Alors qu'ils viennent tout juste de se découvrir une passion pour le théâtre grâce aux marionnettes d'une artiste, un couple français profite d’un changement politique pour venir chercher une fillette semblable à celle qu’ils ont perdue. Réussissant à entraîner Vova avec elle à Paris, Gladys sera pourtant éloignée rapidement de son jumeau, ce dernier étant transformé en esclave aux cuisines alors qu'elle sert de potiche à une femme aveuglée par son chagrin.
Écrasés par ces parents adoptifs qui les utilisent, les jumeaux se perdent tranquillement, du moins jusqu’à ce que le destin leur fasse signe et que, de marionnettes, ils redeviennent premiers rôles.
Roman réaliste aux accents de conte, Gladys et Vova nous plonge dans un univers codifié où l'hippocampe sert de fil conducteur. Le lien fraternel est au centre du récit, côtoyé par la quête de la mère et la douleur du deuil, mais aussi par l’initiation au bonheur. Écrit dans une langue recherchée, le roman convient aux lecteurs avancés.
Mon avis
La couverture ne me donnait pas trop envie, je l'avoue, mais sitôt que j'ai mis le pied dans l'histoire, j'ai été happée par ce récit inspiré par Hansel et Gretel, porté par l'amour du conte et du théâtre et traversé par une magie bien spéciale. Il faut toutefois être dans cet esprit d’imaginaire, le récit, bien qu’ancré dans une réalité connue, étant plus littéraire que réaliste. Pour ma part, j’ai été ensorcelée par la langue magnifique qu’a utilisée Emmanuelle Caron, rapidement entrainée dans cet univers où Gladys et Vova apprendront à couper les liens qui en font des pantins pour gagner leur liberté et où la Russie, décor du premier acte, donne à l’ensemble une touche bien particulière.
C'est un univers sombre qu’a inventé Emmanuelle Caron, les jumeaux ayant un destin terrible. D’abord abandonnés par leur mère, ils sont ensuite placés dans une institution misérable, puis adoptés par une femme qui les éteint. Ce cheminement est dur, mais on est dans l’univers du conte et on l’accepte donc plus facilement, ce qui n’empêche pas notre cœur de se serrer devant les épreuves des jumeaux. On avance toutefois vers la lumière, l’auteure utilisant son amour du théâtre pour apporter des touches de bonheur au récit et pour créer une finale grandiose. Si je l’ai personnellement trouvée un peu trop rose pour être crédible, elle convient à l’univers inventé.
Seul bémol, le récit comporte plusieurs ellipses dans le temps et j’aurais parfois aimé voir entre les scènes racontées, ne serait-ce que pour mieux comprendre les personnages.
En bref? Un récit qui n’est pas toujours simple à aborder, mais une histoire qui nous transporte entre la Russie et les grandes scènes de théâtre à la rencontre de deux êtres marquants.
Découvrez en plus sur l'auteure en lisant l'entrevue qu'elle m'a accordée!
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Le Jardin de l'homme-léopard.
Merci à l'école des Loisirs pour le roman!
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